« The last of us » :
un film sur la condition de l’homme
Mais par quelle mouche le cinéaste tunisien Alaedine
Slim a été piqué pour réaliser un film sortant des sentiers battus du cinéma tiers-mondiste. §Une
gageure réussie.
Au delà des rapprochements
du genre et de la sémantique verbale que laisse deviner le titre en anglais :« The last of Us »
est un long métrage angoissé et
angoissant. Angoissé pour son auteur qui n’explicite pas son objectif et
angoissant pour le cinéphile qui s ‘y engage par l’interprétation.
Tout de go ; l’on est plongé dans le clair obscur.
Pas
de dialogues et encore moins de monologue.
A peine quelques bribes d’alphabétique
pour rappeler une réflexion globale sur
l’existence … Des cris de douleur. Le reste relève de la gestuelle et de l’expression
visuelle des protagonistes. L’image
prend ensuite le relais polysémique. De la mécanique citadine
on passe au silence du désert puis au
rugissement de la mer et enfin au crépitement de la pluie. Le ton est lancé. Les
quatre éléments (l’eau-la terre- le feu et l’air) sont désormais omniprésents
.Ils s’enchaînent – se fracassent -s’imbriquent sans
jamais faire osmose. Seule l’eau demeure permanente. Elle irrigue -transporte-englue
et finit toujours par purifier et régénérer.
Le liquide aquatique -
source vitale -est un trésor inépuisable qu’il importe de conserver .Dans la quête humaine d’un absolu désabusé par les éléments
et désenchanté par l’enfer de l’autre ; les personnages sont toujours pris
au piège de l’extérieur (naturel) et paradoxalement
sauveur.
Fatalité de la survie et survie dans la fatalité. L’immensité
et l’ineffable des sites du tournage sont admirablement
servis par un fonds musical approprié glissant
vers une intimité quasi -spirituelle .Dans un no man’s land chacun
y retrouve une réalité essentielle et la dualité de la culture et de la nature.
Dans le combat pour la survie, le dérisoire se fond dans le primordial. Celui –çi finit
par prendre le dessus.
Bien que le sexe ne
soit suggéré que par les indices des
formes fragiles d’une nature douce – violente ou la nudité intégrale de l’un des personnages face à une chute d’eau .Qu'aurait été la trame de fin si un personnage féminin était adjoint au duo du casting (Soudani et Akkari)?