Les derniers jours de Bourguiba à Carthage et les supplices de
sa résidence surveillée, révélés par le Pr Amor Chedli
A la
première lueur de liberté, le Dr Amor Chadli, médecin personnel et ancien
ministre du Président Bourguiba, fait des révélations de première main sur la
destitution du Combattant suprême, racontant dans le détail ce qui s’était
passé au palais de Carthage dans la nuit du 6 au 7 novembre 1987, mais aussi,
le régime de résidence surveillée imposé au Président et les supplices subis,
jusqu’à sa mort. Sous le titre de «Bourguiba tel que je l’ai connu : la
transition Bourguiba-Ben Ali », l’éminent professeur de médecine, premier
directeur tunisien de l’Institut Pasteur et fondateur de la Faculté de Médecine
de Tunis, nous introduit au fil de 600 pages, dans les coulisses du sérail
jusqu’à l’intimité de Bourguiba, racontant avec force détails et nombre de
documents, ce qui s’était tramé notamment depuis juillet 1986 pour « la
déstabilisation du régime» et le sort réservé par la suite au premier président
de la République.
Témoin
oculaire pour avoir eu l’occasion de côtoyer Bourguiba pendant plus de 40 ans,
il a tenu à écrire plus que des mémoires, une sorte de déposition pour
l’histoire. Comment Bourguiba a-t-il été réveillé à l’aube de ce fameux samedi
7 novembre 1987 ? Que lui avait dit alors Saida Sassi ? Quelle a été sa
réaction ? Dans quelles conditions avait-il été poussé hors du palais pour le
conduire d’abord à Mornag, puis à Monastir ? Et, comment il a subi et vécu son
isolement ? Autant de questions qui trouvent réponses comme la vérité sur la
cabale pour faire partir Wassila, Allala Louiti et Bibi Jr, l’intrusion de
Saida Sassi et le diabolique stratagème de Ben Ali et de son clan pour
usurper le pouvoir.
Médecin
personnel, compagnon de longue date, confident, directeur du cabinet
présidentiel, ministre, et surtout un proche qui partageait avec lui souvent sa
marche quotidienne, ses repas et ses soirées, le Dr Amor Chadli était bien
placé pour observer tout ce qui se fomentait, rapporte après recoupement,
vérification et analyse, des faits qui éclairent l’histoire et nous restituer
une autre facette de Bourguiba dans la tourmente, plus que de la trahison des
siens, de la perfidie, comme il le rectifiera.
Le premier chapitre du livre que Leaders publie des extraits en Bonnes
Feuilles, il l’a écrit dès la première semaine de la destitution de Bourguiba.
Puis, en 1990, il s’est remis à l’ouvrage sur la base de ses notes et
documents, pour élargir l’aperçu. Après la mort du Combattant Suprême, en avril
2000, il reprendra l’ensemble pour le compléter des trois derniers chapitres,
d’une forte émotion.
Un véritable
livre-évènement (édité à compte d’auteur), qui suscitera sans doute des
controverses tant il regorge d’informations souvent ahurissantes, au risque de
nous surprendre sur certains, mais ne manquera pas aussi de dévoiler et
d’expliquer aux jeunes générations un pan de notre histoire.
Bourguiba tel que je l’ai connu : la transition Bourguiba-Ben
Ali
Par Amor Chadli
600 pages, Février 2010, 25 DT, Diffusion: Berg Edition
.
Habib OFAKHRI
"SI"( monsieur)AMOR,TEL QUE JE L'AI (mé) CONNU .J'ai lu avec intérêt le premier chapitre de cet
ouvrage au style exquis et à la plume alerte.Un point , cependant retient l'
attention ,à titre subjectif: celui relatif à l'attribution au journal français
" le Monde" (cité dans les annotations ) le fait que ce journal a
mentionné que le pr.Chadli n'était co- signataire du certificat médical
attestant " la sénilité " du leader Bourguiba.Certes.Vous n'aviez pas
apposé votre signature , pour la simple raison que personne ne vous l'eut soumis.Et
si tel en était le cas, l'auriez -vous fait?. Je présume que les auteurs de la
manigance du " complot médical " n'étaient pas aussi crédules à
soumettre le dit certificat à un inconditionnel de Bourguiba doublé d'un
médecin ayant prêté serment d'Hippocrate. .Aussi ,pressentaient ils que s'ils
l'avaient fait, vous seriez le premier à sentir l'odeur du " complot"
et peut- être le faire tomber à l'eau en faisant tomber avec, des têtes.
L'histoire de la Tunisie aurait pris une autre tournure , tant cette même
histoire, avec petit ou grand H ne tient qu'à de menus détails.Oui détail.Et
vous êtes bien placé , en tant que médecin, pour savoir q'une maladie virale
débute par un virus, tout comme l'étincelle déclenche l'incendie. Mon propos
est plutôt le suivant: De 1981 à 1996 , j'ai assuré en tant que correspondant
,puis chef de bureau, la couverture journalistique de la Tunisie pour l'agence
Associated Press( ap), outre ma casquette de journaliste (rédacteur en chef ) à
l'agence nationale Tap. Et qui dit couverture médiatique, dit les évènements
d'ordre politique et social ayant jalonné la vie de notre pays durant cette
période historique où le rôle du journaliste ne consiste pas à faire l'histoire
mais à la raconter, avec autant d'objectivité possible, et ce bien avant la
prolifération des chaines tv et des paraboles.Et comme disent les latins "
scripta manent, parola volente" ( l'écrit demeure , la parole passe).Alors
aux faits.Bien avant le 7 novembre 1987, une action de déstabilisation médiatique
avait été déjà orchestrée par la bande du giron de l'ex premier ministre et ex
président Ben Ali. Les acolytes se relayaient pour propager aus ein des
rédactions des " rumeurs" sur l'éloignement du Palais de Carthage ,
de telle ou telle personne , de manière à créer le vide autour de Bourguiba.La
première victime fut M.Belhassine, celui connu pour lire les journaux au
Combattant Suprême .Puis vint votre tour. Le 4 novembre 87 , un des colporteurs
m'a soufflé" le bruit " que le Pr Amor a été chassé du palais par le leader
Bourguiba.Comme tout journaliste respectant l'éthique je vous ai appelé, l
'après midi même au standard de votre département afin de vérifier cette
information- " bruit". De cette communication , je garde un souvenir
d'avoir au bout de fil un homme furieux et crispé.Vous m'aviez envoyé au tapis
sans daigner prendre la peine de rappeler.Mieux, vous avez contacté F.Chaieb ,
le pdg de la Tap en proférant une menace , non précisée, si je ne dévoile pas
ma source.J'ai tenu évidement à ne pas la dévoiler, étant entendu que
l'information à vérifier n'était pas destinée à la diffusion sur fil tap, mais
une agence de presse professionnelle et internationale qui ne colporte pas des
bobards Désolé .Pas de compte à vous rendre . Seul un tribunal était compétent
pour trancher si vous estimiez qu'il s'agissait " de propagation de fausse
nouvelle ".Dommage . Vous aviez raté une occasion pour tenir le bout du
fil d’Ariane qui vous aurait conduit , peut être à vos détracteurs
malintentionnés. Mais l'histoire accélérée poursuit son cours, imperturbable
... Pour ma part ,, je n'ai pas diffusé " le bruit" de votre vrai -
faux , que ne sais-je, éloignement du Palais de Carthage. En contrepoint, le 8
novembre 87 , j'ai fait une lecture formelle du fameux certificat médical en
soulignant qu'il était d'abord écrit en langue française( et non l'arabe ,
langue nationale, un point sur lequel l'assemblée nationale de l'époque est
passée à coté de ses pompes ), oeuvre d'une seule main , ensuite avec quelques
erreurs d'orthographe et de ponctuation. J'ai reçu le jour même un rappel
officiel à l'ordre; mais passe on était dans l'euphorie sept novembriste. Un
responsable d'un quotidien de la place , devenu par la suite ambassadeur a été
médusé par " ce courage " ,sans reprendre la dépêche sur son canard .
Le journal " le Monde" a repris l'info avec le rajout de votre nom
,en tant non signataire signalé par son correspondant à Tunis.Le collègue et
ami Michel Durré a du vous contacter , comme il me l 'a confié plus tard,
puisqu'à l'époque , seuls les journalistes étrangers étaient crédibles aux yeux
d'une catégorie du leardership national (...).Quand à moi, je vous ai rendu la
monnaie en vous ignorant, tout comme vous m'aviez ignoré un 4 novembre ...
Quelques jours seulement après le 7 novembre , votre air hautain , Pr.Chadli ne
vous a épargné l'humiliation qui vous a été faite lors de la 1 ère réunion post
-bourguibienne du comité central du Psd, tenue dans les anciens locaux à El
Kasbah , quand bien même , vous étiez membre à part entière de ce comité. Ce
jour là, j'étais triste de la manière du faire de la politique dans mon pays et
frustré , en qualité de journaliste ,parce que vous n'aviez eu l' audace pour
expliquer aux médias présents le pourquoi de votre présence " indésirable ".
Je reconnais qu'avec dignité, et aprés avoir ajusté vos lunettes , je vous
apeçois ,filer à la tunisienne, en empruntant quatre à quatre les escaliers. Je
tenais à apporter , de mémoire ces indications, car nos autres de cette ingrate
et aimée ( mal aimée) profession ,sommes souvent témoins directs ou indirects
de nombreux événements qui nourrissent le flux de la petite et la grande
histoire.Et vice versa. Avec ma sympathie.
( c)Habib OFAKHRI
18-03-2011
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