mardi 14 février 2017

UMA : Le patient Maghrébin et son double

UMA : Le patient Maghrébin et son double

Advienne  que pourra…Le 17 février 1989 naquit à la cité  ocre  de Marrakech  l’Union du Maghreb Arabe  ( UMA).Déjà 28 ans.Dans la mémoire collective , le regroupement annonce  une promesse de guérison  du patient maghrébin alité depuis  la fin des épopées de la  libération nationale.
Premier couac : le cliché  souvenir capté à la naissance est éloquent. Posture verticale, d’une  énième tentative   de rassemblement vertical  des dirigeants de cinq pays de l’époque -évaporés - pour cause d’aléas humains. Débuta alors une course d’obstacles.
Le premier : chaque   pays a emprunté la voie exclusive de la souveraineté  en lorgnant   sur le territoire du voisin…Seule la Tunisie de Bourguiba a  opté -désintéressée  et pragmatique- à la construction institutionnelle  et infrastructurelle .Au pays  d’Ibn  Khaldoun on sait  que l’ancêtre  de l’union européenne  (UA) a démarré  en évitant  l’écueil  du charbon et de l’acier  ayant  défigurés de villes  et bourgs et noircis   autant  de visages durant des guerres fratricides .
Qu’eut été l’Uma  si l’acte d’ouverture était lancé sur une  communauté des phosphates et du pétrole entre Tunis-Alger et Rabat ( version Traité de Rome).Et qu’auraient été les régimes politiques si les tenants du pouvoir civile et militaire s’étaient placés  sur  l’orbite du pluralisme et du respect des droits humains auxquels ils ont souscrit lors de leur reconnaissance par la communauté internationale. ? Trêve d’imagination.
Le deuxième : certains pays se sont lancés dans une propagande verbeuse :Maghreb des peuples( sans leur permettre le choix  référendaire ) .Maghreb des Etats( alors que les chefs  ont lamentablement échoué à  aplanir les différends et encore moins les  défis du développement ).
Le troisième : la question du Sahara occidental  revendiqué manu militari par  le Maroc, en dépit du droit historique et juridique  du peuple sahrawi à l’autodétermination et  à l’indépendance.
Les manœuvres dilatoires et les  pseudo-ententes  ajoutent une couche générant  une triple retombée.
A-L’autoritarisme  et le manque   d’ouverture démocratique  des régimes en place .Une inflexibilité  qui a conduit  au printemps arabe et  son lot d’épines qu’une  moisson de roses.
B-L’intrusion en apparence ambigüe  mais productive de l’union européenne .Elle déniche   dans  le paradoxe d’une union –désunie une opportunité. Sémantique  l’ambiguïté de l’UA ...D’une part, elle demande –l’impossible- en voulant traiter avec une entité homogène. De l’autre, elle exclut   Tripoli et Nouakchott du processus de Barcelone  et de  la chimérique  Union pour la méditerranée .Puis  les intègre –dans sa géo- stratégie-aux dialogues  5+5.Le statuquo semble favoriser l’externalisation et  l’avantage comparatif des intérêts. Délocaliser l’entreprise pour relocaliser le produit. Plutôt chouette le capitalisme …à visage humain.
C-Positive : l’élaboration d’accords et  de conventions cadre intermaghrébins sur le commerce, les services et la sécurité. Une version adaptée de l’accord  latino américain de Montevideo (février  1960).

SOUS LES PIEDS, DU  SABLE MOUVANT  

L’actuelle conjoncture requiert une nouvelle approche. Toutes les parties saisissent  que la mondialisation rampante    implique que la méditerranée  appartienne  à l’ensemble des peuples riverains et - par confluence -d’ailleurs. La matrice du monde  est affrontée  aux défis de l’insécurité, du développement inégal, du terrorisme, du chômage, de l’émigration, de la pauvreté,  et de l’exclusion …
Coté  Nord : faudrait-il s’attendre à un réel sursaut stratégique pour relever solidairement les défis ?
Coté Sud : va –t- on persister  dans l’antienne du « complot extérieur « , quand bien même  des défaillances   logent  dans la myopie d’une  vision intérieure  .Tout repli identitaire  la rétrécit  autant qu’il réduit  la perspective de « l’édification « … maghrébine  ou afro-européenne .Aveuglantes et éblouissantes, seules la vérité (spirituelle ) et la réalité(matérielle ) demeurent ré-vo-lu-tio-nnaires .
Les prédécesseurs pionniers du projet de l’Uma auront vécu sans lui conférer  un contenu. Les générations  flouées postindépendance  ont hérité une coquille vide tandis que celles  Face-bookées  surfent  sur une  virtuelle Arlésienne   .
Toutefois, cette Uma  en faveur de la quelle plaident les fondamentaux objectifs  reste tangible sur de segments subjectifs .Au delà des logomachies  politicantes ,les individualités  maghrébo-nomades( voyageurs-étudiants-commerçants …) s’y sentent dans leur élément  naturel et culturel en parcourant  cette  région septentrionale  d’Afrique. Si la noblesse saharienne incruste la pureté, la volonté doit tendre vers l’action  porteuse d’espoir et de perspectives. Avec des potentialités plus ou moins égales, les  contrées du conseil de coopération du golfe ( ccg )ont réalisé en 10 ans, ce que les 5 pays de l’Uma ont été incapables d’entreprendre en 30 ans. ! Le soleil doit –il inexorablement  se lever de l’Est. Et si  le vent suit le mouvement  qui protégera le patient maghrébin du sable  mouvant ?
(H.O)


mercredi 8 février 2017

« KITSH 2011 »: Grandeur et déchéance de l’Homme

Si vous n’avez pas  lu « la trilogie (out-  Balthazar) d’Alexandrie « de Lawrence  Durrell, « la Plaisanterie » de Milan Kundera, « Belle du Seigneur » d’Albert Cohen ou « l’Automne de la colère »de Mohamed H. Haykel , rassurez-vous. Le  roman « Kitsh 2011» de l’écrivain –et activiste politique ,Safi Said les condense en un opuscule (monumental) .
N’ayant rien  d’exotique -dans l’autre sens- les personnages sont familiers tellement  leurs caractères collent à l’espace méditerranéen, berceau des religions  révélées et de la démocratie. ..
    Deux thématiques autour desquelles s’articulent l’actualité du  présent, le devenir  de la région et l’avenir de la fragile planète.
Dans un style arabe fluide  et doux -amer ,« Kitsh 2011»  est un cri iconoclaste lancé à l’interface  du « printemps tunisien » et par extension arabe. 
     Il renvoie les élites politiques et culturelles à leur  miroir brisé par la bêtise et la schizophrénie ambiante. Des révolutions orphelines qui sombrent dans les magouilles de proto-politiciens prisonniers de l’ego surdimensionné et des manitous de la globalisation financière mus par la nouvelle économie et ses mantras de la démocratie et les droits hommistes.
 Face à la déferlante  des islamistes  fermés à tout dialogue et manipulés par le néo-empire pétro-dollarien et la géo-stratégie, seuls la paix, l’amour, l’éthique et l’art peuvent –semble-il - sauver les personnages. Subjectivement. Ceux-ci   règlent –trop tard- leur compte avec eux-mêmes. Ils réalisent  que les chrétiens  de l’occident dominateur-à présent - les ont devancés pour avoir  conquis la liberté d’expression par la réformation  plaçant  Dieu à sa place : le ciel .
    Leur foi dans le cœur. Sans haine ni surenchère.
    Repointe –toutefois- du nez un judaïsme exclusiviste .Et dire que tous les juifs-chrétiens  et musulmans oublient qu'ils descendent du même patriarche (sémite) :Abraham,Père d'une humanité  qui se dit monothéiste ...
De par leur fragilité, les personnages arrivent à tirer leur épingle d’un jeu d’échec -dont ils ne détiennent pas les ficelles – pour éviter de ne pas sombrer dans la déraison et la lâcheté  généralisées. Autant  que Cléa de Durrell ,l’auteur transcende   la solitude pour en faire  carrément un ultime refuge. Critique et hédoniste, Il les accompagne dans leurs  errements..
Son troisième œil  impitoyable les observe en contrepoint. Ils ne se rencontrent que pour se séparer, ne s’aiment éperdument que  pour se projeter dans le fantasme. Mais la conjoncture macabre finit toujours par  les rattraper. Insaisissable, l’ici et maintenant renvoie à l’ailleurs et au passé qui hantent, par ricochet, le présent  préfigurant l’avenir. Mais lequel ? Et si la révolution n’était qu’involution, la fiction se substituerait  à la réalité. Marx est mort .Dieu aux abonnés absents… Mais vigilance : ne jeter pas le bébé avec l’eau de bain même si de nos jours, elle parait trouble !
Captivant, ce roman à double entrée (contexte et méta- texte) ne se rangera  pas  de sitôt .S’il était traduit dans d’autres langues ainsi que la vingtaine d’ouvrages  de prospective, de relations internationales et de romans dus à sa plume, l’écrivain Tunisien  pourrait prétendre au mérite d'une nomination au prix Nobel de la littérature !
(c)oh
                                                                                                                                                
 KITSH 2O11 – Roman  de Safi Said

522 pages.Prix :25.700DT
Editions :sotumédias2016 TN

dimanche 5 février 2017

Nos amis les bêtes

LA  BETE ET MOI -2 et fin
Adulte adoptant des chats , j’ai vécu en leur compagnie des moments  de satisfaction et de tristesse à leur disparition. J’ai mesuré leur sens de l’observation ,de l’orientation  ; et apprécie  leur  fidélité. Regards tranquilles. Réflexes de  la peur se mêlant à ceux du plaisir de la satiété et de la sécurité.
Le dernier qui vient de  quitter avait 10 ans .On le nomme Be-jou.Un chat  tigré de type afro-européen.Pelage soyeux. Des yeux vert olive  surplombant des vibrisses de grand seigneur. Déterminé dés son jeune âge il faisait à sa tête ,n’ayant rien d’un jocrisse .
    Sa stratégie pour nous amadouer –par étapes- a bien réussie.
Sa maman- Hella- aux yeux symétriques (vert et turquoise)  a eu trois nichées. De chacune on gardait un frère ou une sœur  à leur ainé. Altruiste ,il affectionnait aussi bien sa génitrice que ses petits frères et sœurs :Twiter le dandy-Pacha l’abyssin et Bianka la princesse orgueilleuse…).Avec l’âge Be-Jou donnait l’impression de l’abandon et de la lassitude. Sans feinte.
Malgré les soins prodigués-les câlins ,un terrible coryza l’a emporté. Deux jours avant son trépas il ne me quittait pas d’un pas. Dés qu’une  chaise est libérée il s’y installe. Si je laisse trainer un de mes  vêtements  il s’en enveloppe. Des yeux cernés de noir et d’une démarche  chancelante ,il s’en gouffre toute la nuit dans sa litière.
A l’aube du  26 janvier 2017 Bianka  donne  l’alerte. Il n’est dans son habitude de cogner sur la porte et de miauler  en  discontinu. En jetant un coup d’œil ,notre petit amour de bête  était allongé comme happé par un sommeil profond. Sans respiration .Seul le pelage frémissait sous l’effet d’une brise hivernale. Son corps compact mais inerte .Tristesse avant que son cadavre enroulé dans une étoffe à carreaux  ne soit enseveli au coin Est du jardinet. Il gît à l’ombre d’un olivier planté alors qu’il n’avait que quatre ans-une touffe de tournesol et chauffé par le soleil d’orient.
Quid de « l’âme » !sa sœur  refuse mélancoliquement  ce départ. Elle continue de s’allonger et miaule lentement  auprès de la pierre tombale. Intuitive ma femme me fait comprendre que Bianka est pleine et qu’elle transmet un message.
--Lequel ?
--Elle annonce à son frère  la postérité  avec sa première portée.
Dans la fragilité de l’instant  j’ai rétorqué qu’aucun chat ne peut  désormais  remplacer l’anthropomorphique Be-Jou !
(c)





Nos amis les bêtes

LA BETE ET MOI/ 1/
Plus que mince ,ma lecture livresque  sur  les animaux   est quasi- nulle. Jeunot  se rendant au zoo, j’étais stupéfait par la force et la grâce du lion -le regard perçant du tigre et l’élan de l’antilope. Aussi le premier contact visuel avec l’animal se limitait -il à l’observation des mulets et chevaux  tirant péniblement des charrettes surchargées sous  un déluge de quolibets et des coups de fouets qui s’abattent sur leur corps
dés qu’ils trébuchent.
    J’étais révolté  contre  ce traitement ...J’ai  observé des dromadaires  s’abreuvant à la rivière de l’oasis de ce que fut le Belvédère à Tozeur (mon bled natal au sud ouest de la Tunisie )-des chiens  et des troupeaux de chèvres en pacage dans les contrées sahariennes environnantes. Ayant  encore au bout de la langue le gout saumâtre du lait de chamelle .A douze  ans ,je consigne dans ma première dictée scolaire «  Pitié pour l’animal qui souffre mais  ne parle pas ».
Un chien   - impur selon la(notre) tradition -avait accompagné ma prime jeunesse. Plus tard un voyage initiatique au pays des Brahmanes m’a fait découvrir superficiellement la métempsychose .
    En gros le corps disparaît alors que l’âme trans-migre vers un autre corps en fonction des bienfaits que le premier  aura accompli sa vie durant. Cela va du vertébré à l’invertébré .Or, ma conception chimique des êtres a renforcé   une conviction organique de l’existence tant les religions dites révélées et autres animismes m’ont paru –avec leur sens de la fatalité- aussi absurdes..
     Si le destin  objectif  était pré-établi à quoi servirait un dernier jugement pour sauver un corps de la décrépitude? L’âme est essentiellement dépourvue d’organes …A mon sens, le destin  subjectif ne parait pas établi à priori. Socialement .Il s’accomplit dans le devenir et l’action...
L’expérience a démontré -depuis la nuit des temps- que les hommes  font le malheur d’autres hommes par l'agressivité et /ou leur bonheur par la coexistence  et le co-amour.A ce point l’homme s’avère pire que la nature dévastatrice. Il semble qu’il ne se relèverait  pas de sitôt... Pénible condition humaine,s'il en est..

Pour stimuler des centres de rejet de la cruauté,  est-il impératif qu’il apprenne à faire preuve d’humilité bienveillante pour s’accepter et respecter l’existence d’autres espèces dont l’unique objectif-comparable au sien- consiste à vivre-aimer – mourir et assurer éventuellement une descendance.? 
    Nos amis les bêtes s’esquintent dans l’adversité pour assurer uniquement leur survie... Dotés d’une conscience et d’intelligence les hommes –aspirant à l’éternité virtuelle -s'entre
tuent pour des idéologies fallacieuses et la possession d’objets-à leur image-périssables…

 (à suivre)