mardi 22 octobre 2019

Lettre à une amie


     Il y a quelques années, nos chemins se sont croisés. Des instants  furtifs  avec lever du soleil doré s’alternent  
demi-teintes du crépusculaire  violet.         L’immensité saharienne de Tozeur nous a réunis ,mais il aurait suffi d’un vol  aérien  pour nous séparer. Plus tard, le même avion –en sens inverse-   Paris, nous réunissait...
   Ce matin là, il faisait froid, pour une contrée réputée pour son climat aride.
   Encore, à pareil matin ,il faisait froid, un temps normal à la veille de Noël ...Sur la pelouse de la  dame d’acier, aux alentours du Champs de Mars, je m'adonnais   à mon jogging habituel. Une façon  de laisser le temps courir derrière le dos pour ne pas regretter- un jour -à le rattraper.
          Tes cheveux boy scout,ton pantalon de blanc immaculé, tes pas de gazelle  effarouchée  et surtout des yeux rimbaldiens m’ont tendu le piège...A vrai dire abstrait.Dans la ville lumière,nous cherchions la culture.Les regards s'entrechoquent,les cœurs fragiles   ont associé l’émotion de l’affect.En Partage.
     Le soir même ,tu m’as pris au septième ciel, suite à un dîner arrosé. Au menu :steak de renne  : Maison du Danemark,place de l'Etoile .
     Ah,je me rappelle,sur le chemin de retour,un peu d'humour :un jeune black qui n'admettait que sa "nièce bretonne" prenne le métro avec un nord africain"mal blanchi".!Rond,il te prenait pour roulure...Sourires complices.
          Re-discours .Le lendemain sur la culture,la dignité et l’égalité dans l’hexagone qui peinait  alors à accorder aux femmes la liberté d’avorter.Sexe,pouvoir et oseille : triptyque de la domination.Simone Veil était aux aguets.
     Sous l’étreinte physique, la saveur de  ta sueur me ramènait vers l’outre mer de mon  saumâtre Chott el Jérid.. Plus qu’un feeling, tu as gravé dans les veines ton être, à jamais ...
     Puis des années plus tard, en silence, tu t’es retirée en glissant à l’oreille un doux :«  je t’aime ».Sous le clair de lune,que de fois as-tu  expirée la même ex-pression .Réplique :un billet sur lequel était gravé un numéro de téléphone que mon papa vient d’installer.Il pressentait que mon séjour dans  l’autre outre –mer allait s'étirer…L'instant retour à sonné.
       ---Je t’aime aussi pour m’avoir accepté tel je suis ,un homme fait pour donner et recevoir. Simplement. Tout comme la chance unique de notre passion éphémère et durable aussi.
      -- Il faut reconnaitre que les études de médecine  à la Rue des saints Pères m’ont  empêché de te donner l’enfant que je tu voulais aussi  avoir de moi 
-de nous.
---Il aurait pu être conçu depuis le soir où nous  nous sommes roulés sur le sable perlé, à mille lieux de ton intrigante Paname...Mais bon!
    Tu défendais Solidarnosh, la Polonaise.Moi,la Palestine martyrisée et des exilés argentins grattant guitare prenant Place de l'Odeon pour quartier..
     Tu étais fascinée  par le film"Emmanuelle" et moi par le style d'Arsan et l'engagement esthétique du "Soleil des hyènes" de Behi.Un tourisme sexuel qui a fait de mon pays un temple pour empaffés et de chameliers vendeurs de roses de sable. J'en rageais  d'impuissance ...et d'aversion à l'égard de certains choix politiques et l'hypocrisie du Droit international ,couverture au droit à la "sécurité" d'Israël et n'a cure de celle de la Palestine...
    Le croissant de lune pour témoin…Avec ou sans regret,la vie ici et ailleurs continue...Roule cadence.
     D'ailleurs,pourquoi tout demander à la vie?
Ses quartiers s'imposent au gré des saisons. Avec nous et malgré nous ,le printemps automnal se perpétue..Preuve:pas d' amnésie!


HO