samedi 20 juin 2015

PSYCHANALYSE URBAINE DE TUNIS

         Un psychodrame gratis
                                  Tunisiens, souriez ! Vous êtes un peuple heureux .Doublement bien servis  par la nature et la culture. Un climat tempéré et ensoleillé  à longueur d’année .Une culture millénaire pétrie du paganisme iconoclaste et le religieux  spiritualisé.
       Toutefois, lamentez-vous Tunisiens ! Vous êtes un peuple « poly- schizophrénique », parce vous n’arrivez pas à assumer votre puzzle mental et physique  pulvérisé  dans  toutes les directions. Vous vous sentez uniques alors que vous vous comportez en équivoques et lorsque vous  êtes pluriels vous agissez  en égotiques.
      C’est ce qui ressort de la première expérience de » la psychanalyse urbaine de Tunis » et dont la restitution finale s’est déroulée vendredi 19 Juin sur une place de Halfaouine. (Médina).
       Auparavant ,le divan  psychanalytique s’était  déployé   dans trois lieux de la capitale ( les Berges du lac- la Goulette et le quartier Halfaouine) . L’opération  a été conduite avec le concours de l’agence française de psychanalyse urbaine en adoptant  les paramètres du « Questionnaire Chinois » .Lequel serait censé d’ (auto) identifier « les tendances individuelles » en fonction des réponses des interlocuteurs(ices) sollicités  et leur représentation des couleurs et des objets .
       Des « experts » devaient  ensuite soumettre ces réponses aux référents  psychanalytiques. Les conclusions  sont des plus fantaisistes. Elles n’ont fait que renvoyer « ces experts » aux limites de leur savoir et au télescopage  de visions indigentes.... Brassage  cumulatif  de groupes humains  et de cultures anthétiques,Tunis –autant que toute ville du monde- ne pouvait que refléter  sa propre image :  un maillage «  névrotique » du vécu  et  du déçu de ses habitants.Pas de quoi courir sur la membrane...
       La restitution de cette expérience n’a été qu’un piètre psychodrame …dans le prolongement des sit-com  meublant les soirées Ramadanesques du petit et grand écrans. Les Tunisiens-eux continuent- à sourire et à se lamenter – sans perdre  le vital optimisme .Parce qu’elle vient de loin, la Tunisie est déterminée  à aller encore  plus loin.
(c) H.O
                                                                              

dimanche 7 juin 2015

Tunisie/Education: observations sur un système éduatif obsolète

« Les enseignants sont invités à tenir compte des conceptions des élèves avant tout nouvel apprentissage. » .Bien .Telle est-à mon sens- la clé de voûte de la problématique de la didactique. 
                         Sans minimiser le rôle assumé par les enseignants pour inculquer aux apprenants un savoir basique ;force est de constater que notre système d’apprentissage persévère sur la voie du bourrage du crane et une mémorisation désordonnée des matières ;faisant de l’élève une machine d’enregistrement - reproductrice de l’ « indigestion » qu’une entité humaine dotée d’intelligence et de sensibilité .
         Pour plusieurs générations ; l’école tunisienne ne fut qu’un laboratoire d’expérimentation abstraite .Non suivie d’une expérience pratique et réelle qui suscite la curiosité - passion et l’appréciation du beau .Le système n’encourage qu’incidemment l’épanouissement de la personnalité et l’éclosion de talents .
           Après le bac et poursuivant leurs études dans des universités étrangères ; des élèves tunisiens-nantis –de parents pauvres ou boursiers- n’ont pas pourtant de problème d’adaptation et finissent par dérocher en trois quatre ans des diplômes homologués et reconnus à l’international ;alors que d’autres –dans nos murs – y traînent huit ans durant !Et pour cause :la souplesse de l’environnement .
               L’apprentissage ne doit pas être conçu comme une corvée dont la finalité consiste à dérocher un poste d’emploi itératif jusqu’à la retraite .Un diplôme n’a jamais fait l’homme citoyen responsable c ‘est plutôt l’inverse qui devrait se produire en reconnaissant les limites et les aptitude de chacun .
La Tunisie –à ce stade du développement a plus besoin de catégories laborieuses intermédiaires(plombiers chauffagistes- mécaniciens -techniciens ‘paramédicaux professionnels - développeurs tic- etc.…) encadrés par une superstructure universitaire décomplexée qui doit nécessairement sortir de sa « pseudo »chapelle … 
            Une anecdote : 1-un employé tunisien émigré se présente à un job dans une administration française .Il se targue d’une maîtrise en gestion et marketing et derrière lui 15 ans d’expérience .Et que faisiez –vous lui demande –ton . ---la validation des papiers en y apposant un cachet rond. ---Désolé monsieur cette tache s’apprend en une heure de temps -Au suivant. Notre quidam réalisa alors qu’il passa quinze ans de sa vie à exécuter un geste machinal et improductif n’ayant aucun rapport avec son diplôme .Moralité : si le système d’apprentissage primordial ne lui a pas appris auparavant à se remettre en question ; comment voulez-vous qu’il puisse un jour critiquer le même système biaisé. Une observation : 2- Etant parent d’élève ; il m’arrive d’entendre des aberrations sur le comportement gratuitement déplacé et intimidant du corps administratif ou professoral .Je n’insinue pas par là que nos élèves sont des anges polis au dessus de tout soupçon et que les enseignants doivent arriver chaque matin de bonne humeur le nez au vent en chantant. ce n’est pas le propos .La où le bat blesse est que certains d’entre eux évitent souvent la communication ou toute réflexion susceptible d’être développée par un apprenant- inspiré et en adéquation avec son environnement- et que la dite réflexion déborde dans sa forme le cadre du programme pré établi ou la subjectivité de l’enseignant .Les élèves deviennent alors réticents et perdent confiance en eux mêmes .Ils finissent par lâcher : tant pis il me file une corde je la lui mets au cou ! Et pourvu que j’obtienne une bonne note !Tout s’opère à corps défendant .
                    Demain il reproduira le même schéma comportemental transmis par un des espaces de la sociabilité .Médiocre pédagogie ! Pour former des têtes bien faites ; il faut certes des outils didactiques et humains appropriés ; mais encore faut –il avoir les moyens de sa stratégie .Et sans perdre également de vue la dimension ludique de l’apprentissage. 
H.OFAKHRI

samedi 6 juin 2015

Tunisie :BARGOU : La lente revitalisation


 
          L’inauguration  d’une nouvelle unité d’exploitation et de conditionnement d’eau de source naturelle à Jebel Bargou  a fourni  l’opportunité de renouer  le contact avec  des parcelles de la région de Siliana – au nord ouest  tunisien – n’y ayant  pas mis  les pieds  depuis l’an 2000 .
           Subjugué à l’époque par la beauté du site naturel et archéologique je n’ai  pas   focalisé sur les  aspects -pourtant visibles-  de l’extrême dénuement  de la population  locale. J’admets que son sens   altier de la fierté et de la réserve  imposait le  silence respectueux .IL était  indécent alors  de questionner  des gens humbles sur leur condition alors qu’ils portaient des visages  éclatants  de vigueur  et d’optimisme. Une richesse (intérieure) dans la pauvreté (extérieure) .Peut être.
           Mais cette fois la boule  fut submergée par tant d’interrogations en relevant   le frappant paradoxe entre les plaines  ondulantes et pleines  de cultures céréalières ;les richesses hydriques et l’état  piteux  dans lequel se trouve – à titre d’exemple -l’infrastructure dans le continuum  de patelins de Sodka-Dkhila- Ain boussadia-Sidi M’tir- Al Hdadia et Drija … Je présume  que ces dénominations parlent davantage à une carte  d’etat major qu’à la majorité des compatriotes  déconnectés et dont le pays  trans-réel se  glane  désormais  sur l’écran  tactile que sur la glèbe concrète .
          En effet l’unique étroit  et sinueux sentier relève du  parcours du combattant. Les patelins se dépeuplent. La vue d’une présence humaine remplit  soudain l’âme  d’aise et de mélancolie .D’aise car que seraient ces espaces  silencieux et verdoyants sans une telle  présence.. .Et de mélancolie ; tant la beauté du site renvoie à l’asymétrie de la misère ambiante .Ironie du contraste  .Pour faire diversion  l’esprit  actionne l’imagination. Evasion réaliste. Traverser  cette contrée à la végétation  luxuriante   remémore  de lointains souvenirs de la   Toscane-au centre de l’Italie- des régions des Balkans et plus loin les plaines du far ouest des Etats unis.
            Flash back :Deux siècles avant l’enfant  Jésus ;cette région  berbéro- numide marquait   les annales de ses empreintes.  Avec  son  Maitre  Massinissa  le  premier pan -africaniste  auquel on  prête  la célèbre assertion :«  l’Afrique aux Africains « ;en passant par    le roi Syphax  trahi par le pré cité Maitre .Motif : rivalité sentimentale  dont l’enjeu n’était  autre que la belle  Sophonisbe .. . Bouleversement  géostratégique aussi  :Rome  -grâce  à son allié de traître peut ainsi mettre sous sa coupe  la Numidie ; quitte à  livrer  au sort tragique la nièce de Hannibal . Lequel  sera battu  plus tard  à la bataille de Zama par Scipion  (dit l’africain par usurpation) .Mais  le leadership  de Massinissa et sa longévité  seront reconnues par ses vainqueurs. Elles dépasseront les frontières. La Grèce - dont il manie  la langue -lui dresse -à Délos- un mémorial.
        Jugurtha  son petit fils se moque plus tard  de la grandeur factice de la ville éternelle. Avant qu’il ne soit victime d’une autre trahison des siens .Il y  creva  enchaîné. Assoiffé et affamé.
          Cette terre  de Siliana perméable à l’érosion  prend  au coucher du soleil une couleur ocre. Peut  –on  oublier les  corps à corps sanglants dont elle fut le champ pour repousser les envahisseurs …
Balkans et la Toscane dans tout ça !
        Avec la  même topographie  -et moins  que ça - dans ces régions occidentales ont émergé   des installations merveilleuses : téléphériques  -gites - chalets –stations thermales .Içi  -en comparaison -presque rien. « Wallou  »Quelle déception . ! 
             Des cases  de fortune et des coupe rigoles datant d’avant la 2 eme guerre mondiale font office de  maigres vestiges d’installation.  Des troupeaux  se faufilent à travers  la flore odoriférante ; au bonheur des abeilles.
          A   une centaine kilomètres de Tunis -capitale le temps s’arrête .Un âne broute tranquillement  tandis que quelques jeunes de Ain  Boussaidia sont attablés sobrement sur la terrasse  du café Hazem . En face un  bureau  de poste  mal badigeonné. Un écolier -sorti de nulle part- charrie un cartable  bourré ..Seuls les appels à la prière du muezzin de la petite mosquée "halim" ponctuent  le métronome itératif du temps...
           Sous la hauteur pyramidale  écrasante ; des vieillards se  souviennent d’une autre bataille livrée en 1954 contre un  bataillon de l’armée coloniale française .Pourquoi . On l’ignore  -Mais ils ont  néanmoins  contraints  l’envahisseur à battre en retrait…L’honneur est sauf.
     Et le far ouest américain 
c ‘est grâce à des échantillons de semences recueillis dans cette région nord africaine que les States sont devenus un important producteur de sorgho dans le monde. L’autre  blé hivernal ; ils l’obtiendront des plaines  de Russie. Ironie de l’histoire : l’Afrique du nord qui fut des années durant le grenier de l’empire romain est devenue –de nos jours –importatrice  de céréales. Incapable d’assurer la sécurité alimentaire de sa population …
          Bientôt –pas étonnant que la  chine occupe également  le premier rang de  producteur  mondial d’huile d’olive grâce  au million de pieds  d’oliviers  fournis par la Tunisie contre un prêt bonifié ayant servi –dans les années 80- à édifier un  centre culturel dans  un quartier de la nouvelle bourgeoise citadinisée   ne se reconnaissant plus dans ses origines paysannes du Krib- Aroussia ou de Rouhia -pour rester dans la fascinante région de Siliana .
        A Djebal al Guitoun on passe à coté  d’une ancienne   unité de conditionnement d’eau minérale. Porte close .En cessation de paiement depuis 2009 .Elle est placée  dit –on  sous règlement judiciaire.  Pour la nouvelle unité  ultra-moderne de Bargou : Porte ouverte.Un bel exemple de la volonté d’entreprendre.
(c) Habib OFAKHRI