mercredi 28 février 2018

"Hamdan et le Temps":une fresque psycho-sociale de Tunis au début duxxsiècle


« Hamdan et le Temps » : le roman de : Habib Ben Mehrez

Pour Khadra, la Tunisienne, l’avenir appartient à l’inconnu. Pour Maria ,l’étrangère, il obéit plutôt à la contingence des hypothèses...
Avec ce roman intitulé «  Hamdan et le temps » Habib Ben Mehrez,il importe d’éviter  également le télescopage entre l’hier et l’aujourd’hui. Certes, les protagonistes changent, les motivations persistent : le conjonctif du sexe  et le subordonné du pouvoir.

       Le lecteur  découvre sous la casquette de l’ex- journaliste, rompu à la chronique des faits sociaux un auteur  maîtrisant les techniques de l’écriture narrative. Bien que servie par la richesse de la panoplie stylistique de la langue Arabe (paraboles, allégorie, suggestion, allitérations…), elle se rapproche aussi  du style du roman réaliste italien des années 60 .Une tonalité violente de Paolo Pasolini conjuguée au tendre regard d’Alberto Moravia.

Unité du temps et de l’espace

          Les événements du récit se déroulent  au début du 20 éme siecle.Sous le règne du Bey Ennaceur.Une période historique marquée par l’affaire de Jellaz (affaire des naturalisations),la gréve du tramway ( rivalité franco-anglo -italienne)l’invasion italienne de la Tripolitaine, la répression coloniale et la misère des populations indigènes…
Dans la trame évoluent  des Tunisiens ,des Grecs, des maltais,des juifs,des italiens et des français..et d'autres
    Chacun y trouvait son compte quand l’irruption de ces événements venait  chambouler et l’ordre établi et le vernis de la co-existence inter-communautaire.        Surgissent alors, les stéréotypes dénigrants voire la haine  nourris par des intérêts inavoués de politiciens et des professionnels de la religion.
Dans cette atmosphère délétère fleurissent la violence ,la contrebande, le commerce du sexe et la corruption.

                Les personnages et leurs caractères appartenant à divers horizons  n’échappent pas  à l’acuité observatrice et impliquée du jeune Hamdan , qui fait office d’apprenti au négoce d’un  de ses parents Jerbien,monté à Tunis  ».
     " Cette paradoxale cité ,dit-il  est capable d’annihiler les contradictions ».
                Les trois chapitres de l' ouvrage de 280 pages ne font qu’un. Aussi ,l’écriture synoptique  facilite-t-elle la lecture visuelle et une éventuelle  adaptation cinématographique.
(c)H. O
                           

vendredi 23 février 2018

Emilia STEPIEN expose àTunis


Emilia Stepien : l’Art conjuratoire
Parce que toute œuvre humaine, en général et artistique, en particulier propose de conférer une forme et une finalité temporelles à la matière manipulée,
 l'artiste (Polonaise) Emilia Stepien a placé sa première sortie en Tunisie sous le signe des(z) « Exorcismes ».
 Elle aura réussi à transformer le lugubre hall du Centre culturel Russe à Tunis   en atelier créatif. Installation polymorphe  englobant le  digital, le dessin , la photographie et le  graphisme.
       Sans fil conducteur apparent, l’artiste-peintre donne libre cours à une expression émotive et non moins interrogative. Et bien qu’elle semble imprégnée de touches du réalisme cru de certains peintres des pays de l’ex-bloc soviétique, l’exposition tend plutôt à en déconstruire le schéma .Une manière subjective d’exorciser (on y vient!) les contraintes psycho-géographiques marquant notre époque dans l’approche du beau et du laid,du fonctionnel et du superflu .
Résultat : une esthétique allusive et tendre conjuguée à l’a-symétrie  de la poésie et de l’a-poétique,de la mémoire et de l’identité ,faisant de ces créations une fresque polysémique d’objets et de sujets engloutis dans une espèce de transe chamanique. Laquelle reflète –comme par magie- les ombres du démon individuel et la quête lumineuse de l’universel( symbolique)
(c)HO



dimanche 11 février 2018

Exposition art-plastique Adelamjid Jenahani surnommé Hidoud

Hidoud : Kelibia in mind...
Il est de retour,le chevalier de la palette... A 74 ans,Abdelmajid Jenhani( alias Hidoud) investit les cimaises de la Galerie Saladin, un check -point de la culture,à l'aval ou en amont du monticule de Sidi Bou Said ( banlieue nord de la capitale). 
      Suite à une formation  diplômante à l’Ecole des Beaux arts de Tunis dans les années  60,le jeune artiste trempe sa mélasse dans  la gravure sur bois et la noblesse de la céramique. Serein et non moins  tourmenté par le mystérieux silence de la nuit et la grandeur de l’espace, il prit la mer. A l’époque, sans visa. !
De Kelibia,son bourg natal, les vagues de la méditerranée l’embarquent dans des pérégrinations et des rencontres inédites. Logé à l’enseigne de la solitude et l’ivresse existentielle, il entretient son métier-art en fuyant la médiocrité  d’alors. Mais, tout flux se répand par reflux.
L’éloignement physique n’a pas altéré  la mémoire  visuelle de l’eternel enfant .Mêmement pour  la lumière, arc en ciel de la Tunisie et les rives écumantes et plurielles du grand Bleu. 
Kelibia,toujours..
Dans ses créations, Il insiste  –pourtant -à privilégier l’ombre à la lumière chatoyante, un kitsch de la nature..et à pointer  les  détails de silhouettes féminines happées dans l’alvéole d’une cigarette fumée à la hâte : Atmosphère de la rue de Lapp à Paris (une réplique de la rue Abdallah La paille à Tunis).Quelle barbouille !Sans nostalgie!
Valeur sure de la scène internationale des arts plastiques, Hidoud s’affirme. Moult consécrations. Il semble réfractaire ,toutefois , au format  d’une technique réductrice (hard-edge) des formes et des tons. Ses palettes transposent  les clairsemés. En dépit de la différence d’âge  et de la géographie, l’observateur y décèle  des relents du  style aéro-aquatique du  tachiste  californien ,Sam Francis (1923-1994)...Extrapolation.
Cependant, Hidoud va plus loin. Timide démiurge, il a l’humilité de masquer la (sa) souffrance. Il questionne ses œuvres en laissant la latitude au public pour  percer le désir qui leur est associées. De l’instantané, l’artiste transforme l’acte de peindre tantôt en événement, tantôt idée. A travers ses créations, la condition d’homme  temporel l’accule  à s’interroger sur soi-même .A chacun sa méthode. L’expo était visible et accessible  jusqu’au 25 février ...

©Ho.