lundi 9 février 2015

TUNISIE: LA NOIROPHOBIE?

Outre les sanctions contre  la Tunisie,le Maroc, et la Guinée équatoriale, la Coupe d’Afrique des nations ( CAN 2015) a eu des répercussions  collatérales, particulièrement à Tunis où des tifosis anti-fair play ont agressé verbalement et physiquement une dizaine d’étudiants sub-sahariens  dévoilant une « noirophobie » latente  à laquelle  le pays n’était pas  habituée.  
     Motif présumé : l’élimination du onze national aux quarts de finale de cette coupe .L’arbitre mauricien avait sifflé un pénalty très controversé en faveur de l’équipe de la guinée équatoriale, le pays hôte. Mais quel rapport ?.L’arbitre « injuste »était un homme de couleur et le public guinéen-équatorien « pas sympa » .Du coup , la passion s’est déchaînée et les affreux tifosis n’ont trouvé mieux  pour se  défouler que de s’attaquer  à tout homme de couleur, à leur passage .Sans discrimination. De malheureux jeunes étudiants venant de divers pays du continent ont payé les pots cassés. Gratuitement. La société civile a levé les boucliers pour dénoncer « ces actes barbares ».C’est que la question du racisme dans ce pays ne s’est  jamais posée en termes sociologiques. Premier pays  musulman à abolir l’esclavagisme depuis 1846 , la Tunisie a vu succéder sur son sol plusieurs vagues humaines. C’est une mosaïque de peuples qui se côtoient- jusqu’ici-sans problèmes et  sans  poser des questions  liées aux conditions des minorités.La révolution 14-01 a permis aux langues de se délier en ouvrant la boite de pandore sur des sujets qui fâchent (racisme-violence contre les femmes , homosexualité, inégalité sociale et développement régional inégal…)
          Il y a lieu de relever que les agressions de ces affreux tifosis n’ont pas épargné des concitoyens (tunisiens) de couleur !. Toutefois,on ne déplore pas de  cas graves mais quelques blessés .


La famille de Funès et moi

« Ah ! que dois -je répondre au commissaire de police de mon arrondissement si je venais – à l’instant-d’être  cité en tant que suspect d’ un crime commis à Paris ? ».
    Ainsi s’interrogeait en monologue ,Louis de Funès en 1972 .En ce jour de canicule estivale avec 45 degrés à l’ombre, nous effectuons une randonnée sur les dunes  de sable au sud ouest Tunisien. Nous : le couple de Funès et leur fils Patrick  exerçant  à Tunis son service militaire en tant qu’objecteur de conscience (secteur médical si bonne mémoire) .
Un soleil d’aplomb et  l’acteur ne manquait d’aplomb.Mais qu’est ce qu’il l’a pris pour qu’une pareille  pensée lui passe par la tête ? Sa femme à la silhouette frêle et peu diserte admirait en silence le défilement des vagues de sable. Le land Rover semble avancer vers l’inconnu en avalant l’un après l’autre les obstacles (friables) de la nature. Au loin, un bédouin en turban noir conduit son dromadaire vers l’ouest. Émerveillement. Le désert n’est jamais vide et de telles rencontres fortuites sont rassurantes pour  la survie. Mais où va-t-il ?
      De Funès tire un petit appareil photo  (dernier cri, dit-il) et clique sur l’obturateur. Une discussion s’en suit avec le fils  sur les appareils reflex .Patrick donne l’impression de s’y connaitre .
---Mais le bidule dont tu parles coûte horriblement cher, rétorque le père.
---Combien ? reprends-je par curiosité sans même connaitre le nom de la marque
---Oh, plus de 5OO Francs !!
  Je n’étais pas surpris par le prix mais étonné par le fait qu’un acteur aussi célèbre (donc riche)ne puisse  se permettre d’acquérir un tel appareil.
        De Funès a débuté au cinéma après la deuxième  guerre, c'est-à-dire bien avant que je vienne au monde. Lorsqu’il  joue un rôle dans  « Ah !les belles bacchantes » .En 1954 ,j’  étais encore au téton. Sous le ciel accablant, la conversation a viré  sur la guerre du Vietnam qui n’en finit pas avec son lot  de « victimes innocentes »  et « ces abrutis soldats yankee »….Avec ses petits yeux  brillants,  Monsieur de Funès  pétille d’intelligence. Son discours structuré  et anti- guerre  rappelle l’enthousiasme des pacifistes de l’époque. Point d’envolées ni de  virevoltes. Il est clair que nous étions  en présence de la personne et non du personnage campé au cinéma. Une rencontre humaine et sincère. Sans apprets.En pouvait il  être autrement dans un espace de liberté fantasque, sans horizon….
N’en demeure pas moins qu’au retour, je me suis permis de l'interpeller  sur son interrogation-inquiétante et  »le suspect du crime et du… commissaire ».
---Oh ce n’est rien , dit –il, j’imaginais juste le  scénario d’un film où un homme était  accusé d’un crime commis à Paris alors que son homonyme était  cette heure à mille lieux de la scène en train de traverser un bout de votre magnifique Sahara .
(Rires) .Plus tard, je devais rencontrer Patrick, toujours longue chevelure, à Tunis capitale où il m’a introduit au cercle fermé des coopérants français qui se retrouvent chaque samedi aprem -au jardin du Belvédère - pour faire la fête et danser jusqu’aux petites heures du matin. Nostalgie d’une belle époque ! Dans les salles de Tunis on projetait » Les aventures de Rabbi Jacob » et plus  tard à Paris :« l’aile ou la cuisse » de  Zidi( 1977).Le rideau était  tombé sur la guerre  du Vietnam  au bilan apocalyptique .
L’annonce de la  mort en 1983  de Louis m’a affligé. En juillet , je célébrais - à ma manière saharienne- le souvenir de notre  rencontre estivale et le centenaire de sa naissance.RIP
(c)ho


dimanche 8 février 2015

FEMME ET LANGAGE : ESSAI SEMIOTIQUE

Femme et langage : Vers une sémantique  féminisée…

Longtemps le langage  a été investi et conquis par l’homme. Il a formaté la langue  fixant les  paramètres syntaxiques, le style et la stylistique .Dans le récit oral et la  littérature arabe écrite, la femme s’est retrouvée sous l’emprise du male ;  dépossédée –par procuration  -de son identité  éthologique et romanesque. Quelques pionnières ont osé ,toutefois ,d’aller au charbon  et  de réinvestir  le champ linguistique  en vue  de renverser la tendance  et faire émerger une écriture  féminine  dans un univers  dépourvu   d’archétypes  au  style « démasculinisé » .
« La femme et le Langage » , est un essai du chercheur   Abdallah Mohamed Al Ghadhami .Il y tente de répondre à une lancinante interrogation : Dégagée  des lamentations  poétiques anté-islamiques et du prosaïque conte du harem  qu’illustre l’œuvre  anonyme  « Mille et une nuit » dont  l’héroïne espiègle n’est autre que Chahrazed et accédant  à l’écriture subjective, l’écrivaine d’expression arabe en particulier et  celle d’ailleurs  a-t-elle réussi à faire émerger  une  production littéraire marquée du  sceau d’une féminité libérée ?
      L’étude dont la bibliographie fournie( 69 références  en  arabe et 27 en anglais) s’articule autour  de la  double thématique  objective de la thèse et de l’antithèse .L’auteur  n’hésite pas à relever « l’usurpation » de l’identité  de la femme  par » l’histoire et  la civilisation » universelles dominantes, faisant d’elle une « entité culturelle »  stéréotypée et aliénée. Et  ce nonobstant  la digne place que les « religions révélées » lui ont conférée, selon les témoignages cités d’auteures d’expression arabe.
         Mais qu’à cela ne tienne, après de douloureuses tentatives  des May Zieda, Ghadat Assouman, Amel Mokhtar  et bien d’autres …,l’écriture  féminine   s’est frayée  un chemin  propre consacré par le roman « La mémoire du corps » d’Ahlam Mostaghanmi ou « L’angle plat » d’Oumamia Al Khamis .Dans  ces deux écrits, la plume féminine est parvenue à manier  la double entrée du langage -signifié et signifiant - par une  déconstruction   de la « virilisation » de la langue et la construction féconde  de sa  «  féminisation » consciente.
     Sans ambiguïté biographique ; Ahlam est à la fois  auteure et héroïne de «  la mémoire du corps » ; un roman trans-réaliste paru en 1993 et dont les péripéties   se déroulent –curieusement -entre Tunis et Paris sur fond de trahison par un homme d’une  Révolution (Algérienne).Sémantiquement binaire ; ce prénom –morphème connote –pour le lecteur arabophone –et le rêve et la souffrance (HILM ET ALAAM).Et qu’est ce en définitive la littérature sinon la gestation de l’alchimie du rêve et de la souffrance ?!
         Sans être féministes  -tendance occidentale - ni « she-male » (androgynes ),ces écrivaines  ont réussi à transcender « l’angoisse existentielle » ressentie par  l’égyptienne  Nawal Essaadawi  dont la révolte langagière était essentiellement dirigée contre de penseurs arabophones rétrogrades (à l’égard de  son gender  ) tels que  Al Jahedh , Ibn Jouniey  ou Ibn kaiem al Jawzia …
         Remise à plat , la langue s’humanise .Et retrouvant son essence , elle s’élance  à  transcrire l’existence. 
       Paradoxalement,  la formelle différence entre les genres d’écriture s’émousse pour établir un pont : celui de la fondamentale égalité. C ‘est qu’en la matière, l’auteur(e) se trouve coincé  entre deux oppositions auto-émotives et rationnelles aimantes. Il semble ainsi que le  langage apprêté  du cérébral (esprit) n’élude pas  la nudité du langage physique (corps) .Et vice versa.
        Il va de soi également  que tout œuvre  porte en soi sa  limite. L’écriture comprise. Le langage n’étant –au demeurant - qu’un phénomène universel  humain et social. Occultant  sciemment  l’apport des travaux  de linguistes ,tels Rached Hamzaoui, De Saussure ou Chomsky, l’auteur  a contourné –et c’est compréhensible pour un auteur saoudien- le terrain miné du feu  du profane et du sublime  divin.
FEMME ET LANGAGE- de Abdallah Mohamed Al Ghadhami
245 PAGES –édité par le Centre culturel Arabe-(Beyrouth-)

                                                                                                                            ©  HO

vendredi 6 février 2015

BI-joue et moi

Bonjour à tous .Je m’appelle Bi-joue et ça rime avec bisous ! Un an après que mes adoptants m’eurent affectivement et intégralement pris en charge ; j’étais le plus choyé jusqu'au jour où voulant jouer au dandy j’avais perdu le chemin du bercail. Mes parents adoptants ont souffert terriblement de mon absence et ont fini par faire leur deuil pensant que je fus renversé par un chauffard après que H. mon ami et maître eut ramassé sur un pont la dépouille d’un autre félin qui me ressemblait comme une goutte d’eau.(…)
Surprise – presqu'une année plus tard ; j’ai réussi à échapper aux entrailles de mes « geôliers « . Errant des jours et nuits ; j’ai enfin atteint mon sweet home .Mes adoptants tombent des nues et les larmes aux yeux ont accueilli l’enfant prodige dans un état piteux. Une loque .Maigrichon et des touffes de poils arrachées. … Pire j’ai perdu l’usage de l’œil gauche et frappé d’amnésie oubliant jusqu’à mon nom ! La patience - les soins et l’affection de mes parents adoptifs m’ont ramené à une résurrection et je ne saurais combien les en remercier – Qui sait peut être que par la métempsychose les rôles seraient -un jour-inversés !
Bien que je sois maintenant bien portant ; je demeure un peu claustrophobe mais très pacifique avec les autres félins. c ‘est que pour se consoler- mes adoptants avaient gardé plein contact avec ma génitrice :Bianca une belle chatte blanche neige et grande dame avec l’œil droit vert cristal et le gauche bleu marine . Durant mon absence elle a du faire deux ou trois accouchements. …Je ne vous cache pas qu’ignorant moi même mon géniteur je me suis tapé – dans l’inceste -toutes mes sœurs femelles au grand étonnement de mes adop lesquels ont pris soin de la fratrie y adjoignant aussi les autres chats du quartier. La famille devient nombreuse ; aussi me ferai-je un plaisir de vous en poster  bientôt  quelques  photos ou vidéos )…

Note de bibi : chaque jour je suis émerveillé par le comportement de tous ces félins désarmants par leur spontanéité- la complexité des rapports entre eux ; leur sens de la dignité -la gestion de leur vécu intime etc … L’autre jour remontant le fil du temps je racontais à ma fille qu’ à l’âge de douze ans j’avais écris dans une dissertation qu’il « faut prendre soin de l’animal qui souffre mais qui ne parle pas » ;. Au concret –toutefois - quelle responsabilité  et quel sacré caractère!

(c)oh

TUNISIE:politique de l'errance

 
POLITIQUE DE L’ERRANCE  
Il faut se rendre à l’évidence .Le monde  bouge et se transforme à tous les niveaux.Le choc du futur de Toffler  est en marche.  Les idées aussi et c’est de bon augure  que celles-ci se mesurent ; tant que des intellectuels demeurent dotés du sens critique et les  historiens celui  de l’objectivité.
 La confrontation  et l’interprétation des thèses des uns et des autres  favorisent – on s’en doute -  l’élargissement du champ de vision  du citoyen lambda plus englué dans  la médiocrité du quotidien que versé dans la chose de l’esprit dont les Etats s’en  servent, en particulier  pour élaborer les stratégies et les tactiques appropriées à leurs intérêts. La gouvernance  de l’Etat reste  ainsi l’enjeu majeur  pour le politique.
Plus qu’une  ambition subjective, les politiciens poursuivent un idéal collectif sous tendue par une idéologie dont les deux mamelles sont d’ordre spirituel ou/et  matérialiste-
Pour ce qui est de la Tunisie ,les événements ont toujours pris une tournure inédite-De Jugurtha à Bourguiba ,le génie de ce peuple aura toujours  triomphé-Les intermèdes et les querelles spirituelles plus ou moins longs   ont   été réglés dans le sang et l’exode des éléments exogènes à ce peuple métissé  et  foncièrement  laborieux   attaché à la douceur  du climat et  à la bonté abondante  de sa  terre. .
De même , cette terre vient d’inscrire dans les annales du 21 eme siècle ,  la première révolution   civile d’un peuple  spontané sans gourou ni mentor -qui a libéré ses élites dont une frange l’avait tenu trois  ans  durant en otage pour n‘avoir pas  bien pigé son messagedétresse : justice et dignité- En effet le Tunisien  aspire  depuis plus d'un demi siècle à l’appropriation, à la distribution équitable et la promotion des richesses de son pays-
Que cette  aspiration passe par une discussion  sur  la "démocratie," c’est aussi une autre manière de le leurrer, tant il   est établi  que celle çi  ne fut  qu’une arlésienne tout au long de l’histoire et de la géographie, notamment dans la sphère  dite arabo-musulmane.
A notre corps défendant ;Les barbus continueront à rêver de leur hypothétique état islamique et les rasés de leur état laïc non moins  hypothétique-Les autres  parties  tirent  leur épingle  par le jeu  des élections  dites « démocratiques ». Dans un pays où un quart de la population est analphabète y a t il autre moyen pour modérer  la frénésie des ardeurs! L’argent roi et les campagnes  de communication  auront dessinés  les  contours  du futur leadership  qui sera contraint – qu’il veuille ou non- de composer  à la fois  avec le diable  et le bon dieu- Encore un paradoxe .Pour défendre  leurs espaces, les lobbys   se foutent éperdument que telle ou telle mouvance religieuse ou laïque  soit aux commandes du pouvoir -
L’histoire nous apprend aussi que les deux mamelles n’ont fourni –hélas-à l’humanité que du lait amer aussi létal que la  colère incontrôlée de la Nature. Faut il pour autant désespérer de l’homme ?Absolument pas .
La Tunisie  possède des atouts indéniables à faire valoir sur le double plan humain et naturel. Il suffit que s’ouvrent  les perspectives de la liberté d’entreprendre et  se mettent  en place les mécanismes de la  transparente reddition-Le reste relève des élucubrations de la logique de port royal  et des hypothèses  d’officines prospectivistes  .
(c)oh
 
Moins
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« Charlie » : le silence tue...


Tunisie :« Charlie » : le silence tue...

 
Au lendemain du massacre inhumain perpétré contre la rédaction décimée  du magazine parisien «Charlie hebdo » ,un sombre  nuage  plane sur Tunis .Les composantes sociopolitiques et  les médias de la place  sont unanimes à condamner avec fermeté le lâche crime contre un  « temple de la liberté » .Allusion  à la liberté d’expression et de pensée sans laquelle  le bipède  sera privé  d’être- de conscience  et partant d’existence .
      L’info de l’attentat  prend içi une  dimension particulière  où la société  a enduré plus de trois ans  le fardeau des hésitations frileuses des apprentis politiciens  et des tergiversations de sorciers  après avoir réussi le 14/01 à déloger le carcan de l’autoritarisme du régime post –indépendance .La pensée s’y est libérée  frôlant  parfois le déchaînement irraisonné .En dépit des menaces  de l’extrémisme religieux , les Tunisiens sont fiers de l’auto-appropriation du libre arbitre du sens critique  et partant de l’humour ...
Certes   « Charlie » est écarté  de distribution içi idem sous   les cieux des pays du monde -dit  «  arabo-musulman » , mais cela n’empêche pas les lecteurs de se délecter  du choix   humoristique narguant la censure par le biais de l’internet et autres réseaux sociaux. C’est qu’un croquis -dessin est parfois plus expressif qu’une longue tirade ou un défilement d’images .Une caricature ramasse dans sa subtilité un message .Concis .direct. Elle touche et interpelle instantanément le meilleur de la matière grise : la subtilité de l’intelligence .Les caricaturistes Néji al ali  et van Gogh ont  payé  hier le prix  par leur sang versé …Sans trembler   Cabu - Wolinski et d’autres aussi ….Mais à cette cadence ; jusqu’où ira t–on : si le crayon tue –la plume tue la parole tue- l’image tue et  attention …le silence aussi !
(c)oh
Moins
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JULIEN CLERC ,FRANCE GALL ET MOI

Tranche de vie

L’existence  humaine ne dure que l’âge des regards croisés .Autant que la vie , elle ne dure pas toute la Vie .Dans l’intervalle, elle offre  toutefois des moments de  rencontres chargés  d’émotion et  de déception aussi. Ainsi roule le train du quotidien. Parmi  celles  qui ne s’effacent pas facilement de la mémoire, une particulièrement entre autres  dont le souvenir  a été –par hasard- ravivé. 
C’est aujourd’hui l’hier d’aujourd’hui. Dans les années 71, une rencontre m’a réuni  avec  deux  futurs artistes exceptionnels : Julien Clerc et  France Gall .J’étais encore lycéen  qui trimait –durant ses vacances  - en tant qu’intermittent du tourisme  dans un établissement   à Nefta-dans la région de Tozeur à la  porte du désert du sud ouest Tunisien.
       Manière  autonome pour faire  un peu du galtouse et de contribuer aux frais de ma scolarité. Comme un grand.
Les deux tourtereaux étaient beaux comme sortis du Parthénon : une cariatide   d’ une élancée devanture  et un  Apollon urf .
     D’une extrême douceur  et d’une mondanité bien  parisienne. Mama mia !côtoyer  un prince et une princesse adulés au  « royaume  de Salut les Copains »(un Mag d’ados) est  un privilège  inouï pour un jeune accompagnateur  bien  fier de sa «  bédouinité ».
          Lors de la découverte  de la région, un  courant  de sympathie est  passé entre nous .En toute sincérité et désintéressement.
La première visite devait nous conduire au lac salé du Chott el Djérid , une mer dite morte mais en fait plus vivante  que jamais portant les traces du légendaire Dieu Triton  et une immensité infinie .Devant  cette immensité  sans horizon ,France Gall  respire à fond et pousse  un cri « Dieu  s’exclame t-elle ,quel sentiment de liberté m’envahie ! ».
   Avec un  minois gracieux ,  elle ouvre largement ses bras et fait des pas en avant comme pour embrasser tout le cosmos  en face d’elle. Dans l' élan d’un Roméo parachuté, Julien ouvre autant  ses  bras se dirige vers elle et l’accueille d’une étreinte. Ce n’était pas un mirage .La scène  s’est figée dans ma pellicule mémorielle. Dirait-on l’affiche du film «  Autant en emporte  le vent « ! A l’époque, ils étaient mes ainés de cinq piges. Mais que de délicatesse  et de pudeur derrière eux !
En rentrant à l’hôtel, Julien me propose une partie de Ping pong .Enjeu : le perdant doit  payer un Verre .De mon coté,  je propose que le gagnant fasse une bise à France. Jalmince. Peut –être.
--Ah non ! dit Julien  chaque bise équivaut  à un chameau !
--Laisse  tomber France , rétorquais-je .Le parigot  n’a pas encore roulé sa bosse. IL confond chameau et dromadaire. La partie s’est terminée à égalité .Pas de dromadaire en trophée ni de bise méritée .
     C’est nib de nib sauf que durant la soirée  nous avons eu droit à plus d’un coup de sens unique ( vin rouge). Nous avons dansé  tard  sur un rythme yé yé endiablé .Julien ,m’a donné l’impression de  danser comme on danse dans la brousse africaine .Ses mouvements  s’apparentent  à des formes géométriques rappelant la voltige d’un aigle (brisé). La lumière  de la piste tournoyait autour du sourire éclatant de sa campagne portant un jeans moulu ,de couleur bleu marine.
Après leur départ, je retenais  l’image d’un couple  frais et heureux. Est-ce l’effet saharien ou un  sentiment  de la plénitude de la liberté ! 
Plus tard, j’apprends qu’ils se sont quittés .France a reconstruit autrement son vie .Et  Julien aussi. « Et la vie sépare ceux  qui s’aiment sans faire de bruit « (  Y .Montand).Autant qu’en biologie , tout couple est cata clique …Nous n’avons pas pris de photo souvenir , étant moi-même  alors dans les vapes  et sur les traces  de Paul Géraldy. ».Le souvenir est poète n’en fait pas un historien »(dixit « Toi et Moi » ).Julien a tenu à signer  l’autographe : « Pour Habib –Ami . »
Au recto,  une liste de ses disques  en vinyle 45 tours gravés  chez « Emi et Pathé ».Plus de quarante ans plus tard, ma fille  tombe  sur   la carte dans une pile de bouquins abandonnés .Elle a ressuscité  un   joli souvenir  d’une belle et éphémère compagnie  lors d’une   journée printanière de  mon bled  chéri.
      Un peu plus tard,étudiant   à Paris,j’ai assisté –in cognito-en 1978 à un concert que donnait  Julien  à la salle des champs Elysées .A l’air «  laisse tomber les filles «  semblait répliquer  un  écho  « Fais  moi une place « …
Oh , Panam ! je n’oublie pas également  le sentiment de liberté  et de plénitude dont  tu m’as imprégné. !Et des amours, faut-il aussi  que  je m’en souvienne ?...

(c)ho

Sean Connery ,une des James Bond Girls et Moi

 
Sean Connery ,une des  James Bond Girls et Moi

Je ne connaissais rien de la biographie de l’acteur Sean Connery. A cet âge, je me rappelle avoir vu sur le grand écran un ou deux  films où il jouait : « Bons baisers de Russie » et « On ne vit que deux fois ».Au même  âge, on prenait ses désirs pour réalité ...Je n’étais pas fasciné par la personne mais  par le personnage qu’il campait entouré  surtout de belles nanas et les  prouesses techniques que le cinéma mettait en œuvre  pour que le héros triomphe toujours et se paie –in fine -de plantureuses au charme suffocant.
Dans les années 70 , Sean Connery  débarque en chair et en  os  à  Nefta  au sud ouest tunisien pour une visite de quelques jours. Le bel espion de sa majesté  était scruté par mon regard  incrédule .C’est bien lui.Il était accompagné de trois jeunes blondes, chacune plus belle que l’autre et dont j’ignore et la nationalité et l’âge et de quel  casting  étaient-elles sorties .Comme au cinéma,  l’adolescence aidant, je me concentre sur le charme de ces bombes humaines lascives.
Dans ce bled ,du bout du monde , le groupe venait chercher le dépaysement et l’exotisme...Les Anglais sont friands d'exotisme et d'aventures.Le Wisky aidant.
A l’hotel « sahara palace » la suite cinq étoiles valait alors  moins de 50 dinars (soit 25 Euros actuels) en pension complète TTC. 
     Sean Connery a pris une suite  qu’il partage en harem avec deux gonzesses. La troisième , loge dans une chambre  mitoyenne.
       Durant la journée, elles ne le quittent pas d’une semelle et semblent obéissantes à toutes ses injonctions .Comme au cinéma ,elles étaient  probablement soumises à son autorité charmante .
      Un soir,  Sean a une lubie : partir  à la chasse de la gazelle du Sahara .Son  désir est un  ordre, d’autant que la frontière algéro-tunisienne désertique offrait –alors-la possibilité d’admirer les  troupeaux  d’ antilopes.
      Deux land-rovers , très in à l'epoque déjà ont actionné  moteur et cap sur la profondeur du sud ouest  saharien. James Bond a pris place du coté de Béchir ,le chauffeur et les trois jeunes femmes aux sièges arrière .Et moi, tel Hermès  me trouve flanqué entre deux nymphes, tandis que la troisième se place au fond.
Échange de propos futiles. Rigolades sympathiques.Sean, apprenant que mon nom commence par O a demandé si je n’avais pas des (ses)origines écossaises ?
---Je vais vérifier auprés de  ma mère  pour savoir si elle n’avait pas  séjourné en Ecosse !, dis-je .Et pourtant je n’ai ni la peau blanche ni les yeux bleus !(rires)..
La  nuit était profonde et le ciel constellé. Le chemin vers les dunes n’était pas linéaire et repérable. Du sable et des  dunes à perte de vue .Paysage lunaire ,s’il en est . Mais sur terre.  La lumière des phares  débusquaient des vipères et autres créatures reptiles écrasées sous les pneus. Bruits de froissement et de peur. Les secousses  favorisaient involontairement les frottements de bras .En effleurant ces peaux si douces et ses bustes sans corsage, ma main droite s’est retrouvée enlacée avec celle gauche de  la voisine du siège .Consentement. En maintenant  l’attouchement, apparaît soudain un troupeau de gazelles composé de deux femelles, un bébé gazel et un mâle. Le chauffeur fonce tous phares allumés. Cris d’émotions. Dans l’obscurité. Le cortège de ces  mammifères s’ébranle en courant dans tous les  sens, effrayé par la lumière saccadé du véhicule intrus. Les adultes prenaient de l’élan tandis que le petit n’avait pas visiblement  assez de force pour tenir le rythme. Lorsque le trio adulte  s’immobilise pour rattraper le pauvre retardataire, leur souffle était à bout.Epuisé. Les feux étaient braqués sur eux. Ils s’immobilisent offrant un tableau irréel. Des yeux noirs et brillants, des corps graciles et une robe impeccable se confondant avec la couleur du sable. Personne n’ose ouvrir la portière de peur d’être piqué par  un serpent venimeux. Nous sommes venus pour l’émotion et le plaisir visuel .Même James Bond ne portait pas sur lui son fameux Magnum. Il n’était pas « en mission  braconnage » ni en tournage!
En rentrant, une autre mission nous attend : sabler du champagne...
Je n’avais pas encore vingt ans .Le soir , au lit  je rêvais ( plutôt fantasmais) de  ces  belles filles et entre  quels bras ont-elles finies ,tellement les chevaliers servants ne manquaient pas , compte tenu de la célébrité de l'iconique visiteur.
     Si elles se relâchent, de nababs étaient prêts  à casquer des sonnantes et trébuchantes .Mais James bond n’est  pas du genre maquereau !.Il a l’œil sur elles et tenait à en avoir toute l’exclusivité. 
     Le lendemain, coup de théâtre. Alors que je prenais  vers onze du soir  un peu de frais à la piscine de l’hôtel donnant sur la »corbeille oasienne », j’observe sur l’escalier de l’issue de secours une boule blanche. En s’approchant j’entends des sanglots. C’était une du Bond girls  couvrant son beau visage des deux mains et drapé d’une  cape de bain blanc. 
    Des larmes ruisselaient sur son joli mignon.
Je l’ai reconnue. C’est elle dont  je serrais la veille la main contre la mienne, en plein désert.  Sans témoin.
--Hey  you …any help ? ».
Tout de go, elle place son index sur ma bouche et m’invite à s’asseoir. Mon fantasme viril s’éveille  ,la tête et le cœur sont envahis par une vague de sang chaud. Je  tète  comme un nourrisson   l’index qu’elle a délicatement porté sur mes lèvres essuyant par la main droite  ses larmes.Elle me fixe –tel le regard de la gazelle de la veille –et  plonge son visage embué dans  le mien . Sur le coup ,nos lèvres  se rencontrent et nos langues aussi.Elle suce tellement bien que j’ai cru y laisser ma langue ...dans sa bouche.Sa devanture sans soutien gorge  était chaude alors que de son corps  palpitant fusaient  des effluves  mélange de Chanel et de Van kleef and harpel. Dans l'étreinte,elle dirige  sa main vers mon sexe.
--Oh yes , so hard pls go straight !( ah c’est dur stp va direct).Sa voix si musicale  accroît  l’excitation. En la dé-slipant , je  découvre un châssis bien galbé et une peau couleur de deux dunes de sable entrecroisées. Une «  blessure » au milieu.Poursuivant  le jeu de  langues, ,je réalise  que les lèvres de son sexe  sont déjà mouillées .En le défonçant , elle  me sert si fort contre elle .Les marches de l’escalier jouaient en notre faveur pour être parfaitement à l’aise et que l’intromission aille jusqu’à la garde.... J’ai également cru que mes bijoux de famille se perdaient dans son océan de bas ventre .Elle jouit avant  moi et me laisse  blotti quelques minutes  sur la géographie de son corps d’odalisque .Un tonnerre éjaculatoire s’en suivit. Et comme si le ciel m’est tombé sur la tête ; et c’est le cas de le dire.De loin à la discothèque  montait un air dans l'air  " when a man loves a woman"...
Je devais ensuite  chercher un passe- partout  pour lui ouvrir la porte car  celle de secours n’ouvre qu’en  un  sens.  Tard dans la soirée et à la lueur du nouveau jour , je cherchais à expliquer ce qu’il lui était  arrivée  pour que l’on se retrouve  tous les deux à cet endroit. A – t- elle été en bise bise avec l’une de ses copines ou écartée d’une partouze bondienne. ? A-t-elle  apprécié la chaleur de nos deux mains enlacées la veille ? Toujours pas  réponse. Cette bond girl qui m’avait  fait vivre  une Expérience sexuelle torride  serait en 2015 une septuagénaire .Elle ne m’a pas  laissé de trace écrite ni un numéro de téléphone  mais un souvenir  psychosomatique indélébile. Comme quoi, le cinéma mène partout y compris à …Nefta !
(c)ho
 * Sean Connery est décédé  le 31/10/2020 à l'âge de
90 ans.Il aura vécu "plusieurs fois".Rip
P.s.De ce gaillard ,je garde un cadeau :Une montre Swatch , à présent vintage des années 70.

Michel Polnareff à Nefta!


Michel Polnareff et Moi

      C’est toujours à Nefta , au sud ouest Tunisien. Et le chanteur Michel Polnaneff avait déjà sorti des tubes tels «  love me ,please love » ,«  on ira tous au paradis » et constitué son fans club. Voix douce et pianiste –guitariste accompli.
           En 1973 , il débarque dans ce bout du monde pour se ressourcer. D’autres icônes avant  et après  lui y ont pris leur bain de jouvence et  des tempos de détachement        Pour mémoire, on citerait Simone  de Beauvoir, Jean Villars, Brigitte Bardot,Louis de Funès, Zefferilli ....et bien d’autres  politiques (Bourguiba,Kikonen, Edgar Faure ,Couve de Murville ...) etc..  
          Avoir l’opportunité de côtoyer  ces personnages en chair  et en os relève plutôt du privilège, alors que tant d’autres adolescents et adultes de mon âge ( à peine vingt printemps) en rêvaient ..
         Mieux, n’étant pas sous pression du star système, ils étaient à leur aise et bien  décontractés.
         A rappeler qu’à cette époque il n’y avait pas d’aéroport dans la région.Ces personnalités se tapaient plus de 500 km en voiture pour rejoindre  les paisibles palmeraies du sud mitoyens d’ un désert de sable et de sel. Au no man’s land...A la recherche de l’insolite et/oude l’authentique.
           Michel était accompagné d’une blonde plantureuse : une incarnation d’Athéna dont l’unique armure ne sont autres que ses bijoux de famille.La semaine passée  au mythique  « Sahara palace » était un faridon non stop.Portant des lunettes noires (sa griffe)aux contours blancs , une chemisette à fleurs et un fendard bariolé, un Mich pas du tout du genre dégonflant .
Il était plein de malice et de curiosité.
        Nos tribulations nous ont mené au Sahara et dans les oasis de montagne de Chebika et de Tamerza.Une occasion pour bavarder sur un ouvrage de J.Duvignaud et la  rencontre avec  des villageois cités dans le bouquin . L'auteur du"Chat Sauvage"et sociologue a  romancé les caractères .Mais bon ..pour la sociologie culturelle..
    Nous avons rencontré la vieille dame qui « pissait debout » et les révoltés du système coopératif et déconstructif  de la société oasienne ancestrale. Face à l’immensité et la clarté  du paysage ,j’espérais que  Michel allait ôter ses lunettes noires  m’offrant discrètement cette  «  exclusivité ».Que dalle . !
         Sa dulcinée passait ses journées à se prélasser  en tenue d’Eve au soleil sur la terrasse de la chambre en s’adonnant parfois à la mandoline (à en croire une indiscrédition voyeuriste).Il faut dire que rien que les rayons solaires  y prêtent à  la  chatouillasse…En abordant le sujet  avec  Michel, il nie (par ignorance) admettant ,toutefois, qu’elle était portée sur le ripolinage du candélabre( caresse buccale).Bof ! C’est leur  affaire et d’ailleurs  de quoi je me mêle  si l’ami n’avait pas l’esprit  ouvert et sympa...
         Michel voulait ensuite se rendre à Tozeur parce que  je lui avais parlé la veille de l’existence dans  mon  bled natal , d’un petit coin- jardin dénommé «  le paradis »  et d’un devin reconnu par son don de la chiromancie.
--Eh Habib , ce soir on ira au paradis, lance – t-il
--Vois-tu Michel , je ne  fais  pas partie  de la communauté  promise à l’Eden , mais nous avons un problème .
--Lequel ?
--La voiture.
C’est qu’à l’époque il n’y avait pas d’agence de location et les deux véhicules de l’hôtel  sont montés sur Tunis pour « un transfert »de clients .Tout Nefta comptait au total  quatre ou cinq tacots .Le barman a du nous louer une 404 Peugeot  que son frangin éboueur a rapatrié de France et qu’il n’a pas pu ramener parce que  tombée en panne . Réparée ensuite et demeurée sans suite..
        24 kms  sépare Tozeur de Nefta.Affaire conclue ,mais il nous faut un chauffeur ? Sans avoir de permis sur lui Michel prend le volant et ajuste ses lunettes noires  alors que je m’attendais  ce qu’il allait les enlever pour  me les confier et que  je puisse    bénéficier du sccop !C’est raté .A ce moment un plan a germé dans ma tête .Nous avons fait les 24 K dans une franche joie  chantant à haute voix et  ironisant sur tout…Peut être ,étions nous un peu éméchés ou exaltés par le sentiment de liberté que seul l’espace saharien fantasque offre aux esprits dont le sérieux relève du frivole.
Première étape : visite du devin :SI Ammar , un personnage pieux ne parlant que l’arabe et l’hébreu. Je servais de traducteur. C’était le moment propice pour mettre à exécution  le plan.
---Michel ,s’il te plait  avant de tendre la main du cœur  à Monsieur,   enlèves tes lunettes.
Il  applique  calmement les « instructions » ,à la lettre .Dés lors, une autosatisfaction m’emplit.Enfin!..
On lui prédit de bonnes nouvelles sur le plan sentimental et de moins bonnes sur le plan financier. Plus tard ,Michel me demande directement si je croyais personnellement au don divinatoire.
---Non, pour moi c’est de la salade, mais je respecte le sentiment de ceux qui y croient.
Deuxième étape : visite du fameux Paradis. Pas de saints ni de putains et encore moins des assassins ....Tour du jardin où poussent quelques espèces florales et des palmiers dont les palmes dessinent sous les reflets de la lune des lettres et des formes indéchiffrables. Pas de boisson alcoolisée non plus. Le patron des lieux Si Amor  propose un sirop de grenadine qu’il jure fabriquer sur les lieux. Avant de payer la note, Michel  se ressaisit  :
-»Sur les lieux », dit -il, je veux visiter l’atelier.
Visiblement embarrassé, le maître des céans avance l’excuse de la non possession de la clé ... Clin d’œil complice .On règle et quittons les lieux.Tous les touristes se font arnaquer d’une manière ou d’une autre…Retour sur réflexion.
---Pourquoi ne crois-tu aux forces supra-naturelles  des devins, interroge Michel, sur la route du retour.
- C’est simple ami. Ici , dans mon bled circulent tellement de légendes à faire dormir debout.
--C'est à-dire…
---Dans cet espace évoluent  des hommes libres. Sans frontières . Physiques et mentales. Ils n’ont jamais entendu parler de censure. Leur  récit est puisé à la source de deux horizons parallèles qui se confondent et divergent en même temps. Un espace d’allégorie du désert d’éther et du ciel diaphane. D’ailleurs, les grandes fumisteries  sont nées dans les régions arides. Un Moise traversant par  baguette magique la mer , un Christ ressuscité marchant sur l’eau( mirage) et un Mahomet  transporté en éclair ailé au 7 ème ciel...
---Tu délires, je ne comprends pas  ,explique toi.
---Tiens , l’an dernier s’était déroulée -in situ -une édition de Miss Europe.Des dizaines de naïades ont débarqué dans la région. La légende dit que celle qui prend un bain dans les eaux  de la source jaillissant du Belvédère à Tozeur retrouve sa virginité. Tintin !toutes les filles se sont ruées  à l’eau !Vos magazines  people  ont publié des photos de ces belles filles en maillot de bain avec en arrière fond des palmiers verdoyants et de l’eau ruisselante.
---Et alors ?
---Alors , c’est bonnement du bluff pour permettre aux organisateurs de ce concours de beauté de marketer  une nouvelle marque de string et de maillots de bain.Point barre.
---Et le bluff dans tout ça ?
--Plutôt la réalité …J’ai eu une aventure physique avec une de ces miss et elle n’était pas vierge pour autant…
---Sacré garçon , toi!
---Sacré artiste ! Fais attention à la route..
      Retour à Nefta.Sa nana  était pointée à la réception .Nénés  en relief , à l’opposée de la  poupée de cire, elle ne fait pas "non …non"...
---Bonne nuit et n’attrapez pas des mouches !
---A demain et merci mille .
A  leur  départ, j’ai remis à Michel Polnareff les manuscrits de deux ou trois poèmes  que m’inspiraient   la nuit et la solitude  d’un adolescent .Elles  ne sauraient être remplies que par la  présence féminine complice et sans être docile.
© ho

p.s Plus tard ,j'écoutais son tube"Le désert n'est plus en Afrique ".Mais qui était "ho" ?