lundi 1 octobre 2018

Hommage à mon père :NOUR

IL Y A PLUS DE TROIS DÉCENNIES 
que Noureddine,mon pater n'est plus de ce monde...Son souvenir ou plutôt  un souvenir n'est pas prêt à  lâcher  son emprise sur l'entier de mon Etre.
      A la prime jeunesse,ce papa  autodidacte et menuisier -artisan me distillait le même  conseil : "Fils, sois homme et reste-le".
---Avec l'âge, on verra,je faisais semblant de répondre sans saisir la signification implicite  de l'injonction.
         C'est que  celle-ci était soutenue par des lectures qu'il m'offrait à  chaque étape  critique de ma croissance ,doublée d'une communication  sans tabous établie  entre nous .Une chance inouïe dans une société  où l'autorité du père était indiscutable..
       A 15 ans,je manifestais une forme "confuse" de misogynie,tellement la femme était  magnifiée dans les chansons et les roses sans qu'elle soit atteignable,concrètement...
(sauf au bordel et je n'avais pas l'âge  legal!). Et pourtant ,j'aimais la compagnie de mes sœurs aînées, les enviant secrètement  du traitement de faveur que mon père  leur reservait.
       Lorsque je lui fais part de mon sentiment,
Il marque une pause:" Toutes les femmes et ta mère aussi".?
---Non, j'aime maman!
Quelques jours après, il m'offre un Que sais-je intitulé "La psychanalyse ".Instructif.Je l'ai potassé avec l'aide du petit Robert.
Depuis,j'ai appris à lire les gammes (moi-ca-surmoi)= li -bi-do..
   Au lendemain  de la guerre arabo-israelienne de six jours et la propagande subséquente,mon pater gardait la tete froide. Loin de la nuance politico-religieuse du conflit ,Il me rappelle son amitié  fraternelle avec le juif Rahmine avec lequel il a partagé  "l'eau et le sel".A Tozeur co-existaient alors juifs,chrétiens  et musulmans..Voire athés.
     Il m'offre un deuxième  bouquin intitulé :"la saga des juifs en Afrique du Nord" ,d'André Chouraqui.
       Que d'infos et d'enseignements sur la condition humaine et sa complexité, pour la survie..
Plus tard,c'est à  dire après  la découverte du jardin secret des femmes,j'etais fasciné par la marche de l'histoire et le retard mis par les pays  dits du tiers monde  à l'enfourcher;il m'offrit un troisième,l'ouvrage de propospective ,du à  la plume d'Alvin Toffler :
"Le choc du futur".Nous y sommes en 2018!.
En fait, en rapport avec les enfants de mon quartier , j'étais  à  quelques longueurs d'avance et sur des ondes divergentes.
Merci papa pour cet apport  humain et intellectuel inestimable!
   J'ai obtenu quelques diplômes  pour gagner mon pain et mon vin boudant d'autres certifs superieurs pour rester"homme" , sans quémander une quelconque bourse d'études...
      Avec du recul,une vie professionnelle et familiale  assumée,je réalise  le digne bonheur qui me submerge chaque fois remémorant  le souvenir  de Nour (la lumière  en arabe)..
   Ironie du sort,cette lumière a été emportée  par une méchante pleurésie...Le tabac a eu gain de cause!

PScriptum:
En vérité, la femme n'était  pas uniquement magnifiée dans"les chansons".Les rares échanges avec ma mère à  ce sujet ne faisaient que sublimer l'image de la gent féminine. 
   Sans s'attarder sur le détail, elle résumait  
ainsi les critères de sa beauté. 
Pour elle,les yeux sont le miroir de l'âme. Un regard prend  ce qu'il veut sans rien donner en retour...Il appartient à la personne  regardé e(matée ) de l'interpréter à sa façon...
Et si l'homme se laissait charmer par le premier regard ou clin-d'oeil,il risquerait d'être frappé par le syndrome de la passion ou à défaut le mal d'amour et de la sublimation.
Le nez symbolise la joliesse.
La bouche ,l'éclat.
   Hors de question,pour elle de caractériser les autres éléments constitutifs du corps féminin. 
Plus tard,j'y trouvais grâce dans les mains  le mouvement des hanches et celui
des jambes...
     "Certaines femmes,dit-elle sont tellement cristallines qu'au moment de se désaltérer on verrait l'eau zigzaguer à  leur gorge "!
Parabole et images ne reflétant que son background culturel !Dans ses mémoires,Freud m'a aidé à apprendre sur les femmes plus que les  histoires de maman.
    Aicha ,de son prénom  était Pieuse et fidèle. 
Elle a consacré sa vie durant à la famille.Elle était  attachée, comme nous à la grand-mère, sa génitrice.
    Un jour, sans préavis, elle a rejoint l'univers inconnu pour se reposer ,à jamais à côté  de son ex-compagnon du monde connu...Pas de maladie apparente.L'âge a fait son boulot.

Cimetière "Sidi Abderrahim" (Guitna-Tozeur)