vendredi 7 juillet 2017

Guerre et paix :Arafat et moi

BRIBES de mémoire..

Yasser Arafat est à la Palestine  ce qu’est David Ben Gourion  est à Israël. Les  deux  hommes  en proclamant respectivement  en novembre 1988 et en mai 1948 la création de leur état- nation sont entrés de plain pied sur le terrain de la  modernité politique. Depuis un processus s’est ébranlé.
Jalonné  des hauts et des bas. Il  aura conduit la région moyen-orientale  à des guerres  meurtrières puis  à une dynamique de réconciliation qui tarde à dégager ses fruits –pour plusieurs raisons- dont la géo-strategie n’en constitue pas  moindre.

 

Que de générations ont été nourries par le rejet réciproque alimenté par des régimes  ayant fait de la cause palestinienne leur fonds de commerce ; soit  pour se maintenir au pouvoir ; soit pour contenir la colère (sous informée) de leurs sujets.

      

Il n’en demeure pas moins  que prolongée la guerre ne peut être que terrifique. Et Clausewitz  a vu juste en soutenant que «  Toute victoire ne vaut que par la paix qu’elle permet d’édifier ».
Sans entrer dans les détails historico -religieux des populations susceptibles de prétendre  à  une prééminence sur la terre de Palestine qui faisait alors partie de la Syrie .S'y était établi un peuple de la mer – les cananéens à la fin du 3 ème millénaire avant Jésus puis une peuplade nomade juive  –parmi d’autres -depuis le 18 siècle avant Jésus conduite par un  chef de tribu du nom d’Abraham .Un émigré d'Ur .Il est  judicieux de relever que dans cette région  -autant qu’ailleurs- l’histoire est  et sera faite de migration alternée - de nomadisme et de sédentarisation. Autant qu’à présent,  des populations luttant  pour leur survie  ou fuyant la misère des changements politico- climatiques ou des rivalités  tribales. Légions de nos jours au Levant et ailleurs.
         Lorsque dans les années 90 ,je rencontre Arafat  durant  son exil Tunisien ; des prémisses du dialogue entre palestiniens et Israéliens se profilent. Plusieurs questions me taraudent. Je découvre  un  homme pieux (fataliste) mais  habité par la cause (nationale)de son peuple. Sans oublier Jérusalem ( Al qods )où il naquit .La première  étincelle de la révolution Palestinienne contemporaine y était déclenchée par son mouvement « Fatah «  en 1965 .Elle continue de transfigurer depuis la carte du moyen –orient.
      En marge de ces rencontres journalistiques ,il était clair que  la dimension humaine qui m’intéressait semblait difficile dans  les conversations bien qu’off « the record « de dissocier l’homme ( persona )du politicien (personnage).Mieux ,je n’avais  aucun projet d’un  portrait  biographique .En bref:
1 ère question :   Quelle est la plus grave blessure qu’Abou Ammar (nom de guerre)ait  subie?
2éme question : Quel souvenir garde-t-il  de « septembre noir » en Jordanie(1971).
3ème question : La révolution khomeyniste en Iran peut-elle  initier la démocratie  dans cette région marquée par la fragilité du personnalisme.(autonomos)
Réponses synthétiques.
1. contrairement à toute  attente ,Arafat   gardait  plus dans son tréfonds le souvenir  amer du siège  arabo-israélien  en 1983 à Tripoli ( nord -liban)  de ses troupes que celui de  leur encerclement  durant  l’invasion  en 1982 de l’armée israélienne du Liban .Elle se conclut par son éviction   du pays du cèdre.
2-L’objectif était la libération de la Palestine. » Nous n’avons jamais réclamé le pouvoir  -tout le pouvoir -en Jordanie ».Si tel était notre but nous aurions accepté l’offre faite  par le roi Hussein de Jordanie qui nous avait alors proposé de participer à la formation d’un gouvernement. 
    La révolution ,ajoute -t-il a été déclenchée pour lutter et triompher. » Bien que la proclamation de l’état palestinien ait été proclamé sur le sol algérien  … « nous  figurons  désormais sur la carte politique. « Soit.
(Ndlr :lors de cette confrontation  sanguinaire palestino-jordanienne Arafat n’a sauvé sa peau qu’à la faveur d’une  intervention  ( diplomatique )de la Tunisie qui lui a permis de sortir d’Amman déguisé en tenue de femme à bord de l’avion d’un émissaire spécial dépêché par le président  Habib Bourguiba) !
3. l’approche du pouvoir en Orient est différente de celle en l’occident où le distinguo(historicité) a été  établi entre le fait religieux et le fait politique. 
    Lorsque j’ai rencontré Khomeiny -confie –t-il  -il m’a fait part de sa hantise que l’armée du chah  remette en cause « la révolution islamique » ...Je  lui ai conseillé alors de mettre sur pied un corps para militaire  dénommé « les  gardiens de la révolution » ….
          Optimiste- Yasser Arafat  estimait  que le temps jouait en faveur de la juste cause du peuple palestinien. Son ample  connaissance  de l’histoire des empires qui se sont succédé dans la région (  Egypte-Babylone-Perse- Hellène-Romain-Moghol -Arabe-Turc- Franco –Britannique …) sa foi et le suivi de la conjoncture internationale lui donneront-  ils   -un jour -raison .?
         Toutefois ,cette attitude m’a renvoyé  à un passage de T.E Lawrence  dans lequel "l'espion  "porte le jugement suivant sur les Arabes . 

»Les Arabes   sont un peuple aussi instables que l’eau ,mais comme l’eau certains  sont parfois assurés à terme de la victoire « (extrait des Sept piliers de la sagesse)...
c-ho