BRIBES de mémoire..
Yasser Arafat est à la Palestine ce qu’est David Ben Gourion est à Israël. Les
deux hommes en proclamant respectivement en novembre 1988 et en mai 1948 la création
de leur état- nation sont entrés de plain pied sur le terrain de la modernité politique. Depuis un processus s’est
ébranlé.
Jalonné des hauts et des bas. Il aura conduit la région moyen-orientale à des guerres meurtrières puis à une dynamique de réconciliation qui tarde à dégager ses fruits –pour plusieurs raisons- dont la géo-strategie n’en constitue pas moindre.
Que de générations ont été nourries par le rejet réciproque alimenté par des régimes ayant fait de la cause palestinienne leur fonds de commerce ; soit pour se maintenir au pouvoir ; soit pour contenir la colère (sous informée) de leurs sujets.
Il n’en demeure pas moins que prolongée la guerre ne peut être que terrifique. Et Clausewitz a vu juste en soutenant que « Toute victoire ne vaut que par la paix qu’elle permet d’édifier ».
Sans entrer dans les détails historico -religieux des
populations susceptibles de prétendre à une prééminence sur la terre de Palestine qui
faisait alors partie de la Syrie .S'y était établi un peuple de la mer – les cananéens à la fin
du 3 ème millénaire avant Jésus puis une peuplade nomade juive –parmi d’autres -depuis le 18 siècle avant Jésus
conduite par un chef de tribu du nom d’Abraham .Un émigré d'Ur .Il est judicieux de relever que dans cette
région -autant qu’ailleurs- l’histoire
est et sera faite de migration alternée - de
nomadisme et de sédentarisation. Autant qu’à présent, des populations luttant pour leur survie ou fuyant la misère des changements politico- climatiques
ou des rivalités tribales. Légions de
nos jours au Levant et ailleurs.
Lorsque dans les années 90 ,je rencontre Arafat durant son exil Tunisien ; des prémisses du
dialogue entre palestiniens et Israéliens se profilent. Plusieurs questions me taraudent.
Je découvre un homme pieux (fataliste) mais habité par la cause (nationale)de son peuple. Sans
oublier Jérusalem ( Al qods )où il naquit .La première étincelle de la révolution Palestinienne contemporaine
y était déclenchée par son mouvement « Fatah « en 1965 .Elle continue de transfigurer depuis la carte du moyen –orient.
En marge de ces rencontres journalistiques ,il était clair que la dimension humaine qui m’intéressait
semblait difficile dans les conversations
bien qu’off « the record « de dissocier l’homme ( persona )du politicien
(personnage).Mieux ,je n’avais aucun projet d’un portrait biographique .En bref:
1 ère question :
Quelle est la plus grave blessure qu’Abou Ammar (nom de guerre)ait subie?
2éme question : Quel souvenir garde-t-il de « septembre noir » en Jordanie(1971).
3ème question : La révolution khomeyniste en
Iran peut-elle initier la
démocratie dans cette région marquée par la fragilité du personnalisme.(autonomos)
Réponses
synthétiques.
1. contrairement à toute attente ,Arafat gardait plus dans son tréfonds le souvenir amer du siège arabo-israélien en 1983 à Tripoli ( nord -liban) de ses troupes que celui de leur encerclement durant l’invasion
en 1982 de l’armée israélienne du Liban .Elle se conclut par son éviction du pays du cèdre.
2-L’objectif était la libération de la Palestine. »
Nous n’avons jamais réclamé le pouvoir -tout le pouvoir -en Jordanie ».Si tel
était notre but nous aurions accepté l’offre faite par le roi Hussein de Jordanie
qui nous avait alors proposé de participer à
la formation d’un gouvernement.
La révolution ,ajoute -t-il a été déclenchée pour lutter
et triompher. » Bien que la proclamation de l’état palestinien ait été proclamé
sur le sol algérien … « nous figurons désormais sur la carte politique. « Soit.
(Ndlr :lors de cette confrontation sanguinaire palestino-jordanienne Arafat n’a sauvé
sa peau qu’à la faveur d’une intervention
( diplomatique )de la Tunisie qui lui a
permis de sortir d’Amman déguisé en tenue de femme à bord de l’avion d’un
émissaire spécial dépêché par le président Habib
Bourguiba) !
3. l’approche du pouvoir en Orient est différente de celle en
l’occident où le distinguo(historicité) a été établi
entre le fait religieux et le fait politique.
Lorsque j’ai rencontré Khomeiny -confie
–t-il -il m’a fait part de sa hantise que
l’armée du chah remette en cause
« la révolution islamique » ...Je lui ai conseillé alors de
mettre sur pied un corps para militaire dénommé « les gardiens de la révolution » ….
Optimiste- Yasser
Arafat estimait que le temps jouait en faveur de la juste cause
du peuple palestinien. Son ample
connaissance de l’histoire des
empires qui se sont succédé dans la région (
Egypte-Babylone-Perse- Hellène-Romain-Moghol -Arabe-Turc- Franco –Britannique
…) sa foi et le suivi de la conjoncture internationale lui donneront- ils -un jour -raison .?
Toutefois ,cette attitude
m’a renvoyé à un passage de T.E Lawrence
dans lequel "l'espion "porte le jugement suivant
sur les Arabes .
»Les Arabes sont un peuple aussi instables que l’eau ,mais comme l’eau certains sont parfois
assurés à terme de la victoire « (extrait des Sept piliers de la sagesse)...
c-ho