dimanche 29 janvier 2017

Tunisie:corps armés et droit de vote

Point de vue :

L’allusion à l’article 49 de la constitution Tunisienne est explicite  à savoir : ne pas porter atteinte à « l’essence » du droit inaliénable  d’exercice des libertés politiques et civiles. Reconnaître  le droit (une voix)de vote  (bien vote et non éligibilité   )aux corps armés ne signifie pas automatiquement une politisation partisane étriquée .Ils adhèrent –en concomitance aux autres compatriotes  -au parti sublimé de la Nation qui à la préséance  sur  celui des  partis ordinaires (politiques )dont la vocation  consiste  –dans un Etat démocratique – en la conquête alternante et  pacifique de la gouvernance  . La question de fond demeure académique et juridiquement nuancée c ‘est à dire un peu à l’instar du débat sur l’être et le paraître-le citoyen et son rôle  sociétal  .Un prof est enseignant à l’école. Il ne se comporte pas en prof en société… Tout comme un policier ou un soldat ne doivent pas confondre le statut social et les obligations découlant  du statut  professionnel.
       Toutefois la citoyenneté les unit. Le grand parti de la Nation doit englober –par consensus tacite - toutes les catégories socio-professionnelles en délimitant les devoirs et les droits responsables .En cas de menace sécuritaire  (terrorisme-agression extérieure –désordre public… ) toutes ces catégories sont alors  concernées -à divers échelons - pour défendre  (globalement) la patrie sans la pérennité de laquelle elles  n’ont pas d’autre alternative .Sauf à vendre la conscience au diable !..Il y va de la souveraineté et de la survie de tous les corps .         Aussi longtemps que l’éthique politique ambitionne de servir –sincèrement- la communauté nationale et non des desseins  particuliers ; il n’y aurait pas d’objection à ce que tous les citoyens jouissent dans la concorde  et l’engagement des droits constitutionnels.

dimanche 8 janvier 2017

Mario Soares et la Tunisie


Les Hommes passent, les idéaux  demeurent.
Mario Soares fait partie de grandes  figures politiques  dont  l’histoire de son pays et celle de toutes  les démocraties en garderont trace.
            Son corps a lâché  le 7 janvier 2017 à l’âge de 92 ans.
Il était  un ami de la Tunisie qu’il a visitée  en sa qualité de chef de la diplomatie portugaise  au debut des années 70 et  celles 90 en  sa qualité de président de la République ,en réplique à une visite d’Etat qu’a effectuée du 15 au 17 février 1993  à Lisbonne  l’ex   président  Zine el abidine  Ben Ali.
          De ce voyage auquel  je faisais partie en qualité de journaliste rattaché à la délégation officielle, je garde quelques souvenirs personnels  à la fois liés à Lisbonne et à Paris.
        A Lisbonne, la visite fut marquée d’un faste témoignant l’estime du pays de la révolution des œillets  à la Tunisie (du Changement).Içi, il faut noter que les relations entre Etats ne sont pas personnalisées... Intéressées et non protocoliseés.
          Arrivée sous une escorte  de chevaux   et des honneurs (militaires) au Palais  Bélem .Les deux chefs d’état ont  échangé des salamaleks ,des cadeaux et des décorations.
     Le soir, rendez vous au palais  Ajuda . Avant de passer au grand salon  pour le dîner ,on procède à la présentation  des membres de la délégation tunisienne. En  lui serrant  la main   Soares se tourne  vers Ben Ali pour lui dire en français :«  …mais, c'est l’ami de ma fille ! ». L’ambiance  du protocole solennel  était quelque peu perturbée. Je profite alors pour lui demander des nouvelles d'Isabel- qui était une amie de classe de journalisme en 1977 à Paris. Son père s’y  rendait pour lui rendre visite  et retrouver ses camarades socialistes et amis qu’on croise du côté  du 15 ème arrondissement. 
      Il a ajouté qu’elle avait  opté pour une mission d’enseignante à l’intérieur du pays.
---Monsieur le président ,je vous prie de lui passer  l’amicale salutation  , dis-je en ouvrant  la voie au suivant face  à une salle comble du gotha portugais.
         Le menu était composé d’un velouté d’épinards-garoupe aux légumes et un filet de bœuf….Outre un dessert traditionnel,le vin a  bien coulé  :un Quinta de camarate – Réserva Frei Joao (1987) et un porto Taylor’s 20 ans d’âge.
          De retour à l’hôtel Sheraton où nous résidons,Habib Ben Yahia ,ministre  des affaires étrangères était curieux des détails de ma conversation   « prolongée « avec le président Portugais..
Et tandis que Abdelwahab Abdallah ,le porte parole de la Présidence enfumait la chambre tirant  sur un gros  cigare,  l’ambassadeur de Tunisie à Lisbonne , Slaheddine Dhrif partait sur une tirade à propos des difficultés qu’il aurait  rencontrées  pour chercher   une résidence  et d’autres détails insignifiants. On se croyait dans une réunion de cellule rcdiste ! Je n’ai pas pu m’empêcher de lui faire la remarque qu’il a acceptée "diplomatiquement." La  présence de son patron facilitant la vanne .
    ll était 2 h du matin .IL faut prendre un peu de repos. Le programme du lendemain  ( aujourd'hui )est  bien chargé.
     Ben Ali était visiblement sous informé de la question du Timor oriental,un dossier remontant à l'époque coloniale hollando-portugaise.Soares soutenait l'indépendance de Dili, située à plus de 12.000km de Lisbonne..L'artisan du changement confondait Delhi et Dili!
   La présence de Ben Yahia sauva la situation...
    Pour ce qui est du volet commercial,la partie portugaise s'est plainte du manque de"sérieux" des fournisseurs de l'huile d'olive.
      En effet,voulant garder sous leur coupe le gigantesque marché du Brésil lusophone,des fournisseurs Tunisiens négocient dans un premier avec les brokers portugais qu'ils contournent ,dans un second, et traiter directement avec les importateurs du pays de la Samba..Or ,cette dance n'est pas du goût dollarien de ces brokers..


       Lors de sa visite en 1994 à Tunis le président Soares m’a assuré – suite  à sa conférence de presse au Palais Saada à la Marsa -qu’il avait bien  transmis le bonjour à  sa fille Isabel à laquelle et aux membres de sa famille vont, à chaque  commeration,mes sincères  condoléances et ma sympathie.L’ homme meurt mais son  œuvre  demeure.
 (C) h.o