jeudi 30 avril 2015

TUNISIE

Tunisie:

Sos avant chavirement !

Permettez-moi d’être plus prosaïque… Voilà quatre ans, la société se dresse –comme un seul homme -debout. Sous une bannière unique de la Tunisie. Il interpelle son Etat post- indépendance pour dénoncer la dérive d’une unité (politique) de façade laquelle permit aux riches de s’enrichir et aux pauvres de  s’appauvrir. La ronde de l’ascenseur social ne tournait pas rond. Comme si chaque main scella  «sa sœur» -dit-on en dialectal et que la roue de l’histoire se figea à minuit. L’opulence  n’étant pas ici seulement d’ordre matériel mais indubitablement  à dimension mentale  et éthique. Ni les premiers gavés n’ont lâché prise pour partager ni les seconds n’ont trouvé récompense pour  les sacrifices -par le passé- consentis. Désormais tous les deux se morfondent dans un  dramatique désespoir  du dé-bonheur et la fierté d’une carte d’identité nationale –administrativement -partagés.
Par son mouvement mobilisateur, le peuple crut  secouer la somnolence des z- élites et chasser les politiciens postiches lesquels s’appuyant sur la batterie d’une bureaucratie  aussi lourde qu’improductive ont  pompé à loisirs les richesses et les potentialités. Le résultat est là. Moins de 10 pour cent de la population a raflé toute la mise…
Quatre années passées dans la tourmente avant que «le dialogue national» n’engage le pays dans la sortie du tunnel; par la double embellie d’un scrutin démocratique et le boulet  aussi d’une dette hypothéquant le bien être de la génération post-révolution.
Pour le peuple de la révolution, l’issue  démocratique ne résout pas pour autant les frustrations latentes  ( chômage, inégalité, corruption et terrorisme ). Et du coup tout le monde d'ici et d’ailleurs se met au chevet d’un pays malade des ses propres maux. Des conseils orientés et des propositions à dessein ciblées .En vain.
Si le bateau «Tunisie» ne coule pas c’est que   –profiteurs et blousés- sont  rassemblés au milieu du pont. Que l’on recule ou avance, le bateau  basculera. Et avant qu’il ne soit trop tard  et dire qu’on aurait du se comporter  autrement, l'on ( le gouvernement et société civile ) doit agir dans le sens  de l’équilibre de la liberté et de la dignité  retrouvées. Dans l’égalité. Tous les sacrifies  seraient permis  si au bout  du chemin les dividendes  étaient  équitablement répartis…
C’est que si les nantis  étaient  pauvres  avant de s’enrichir; les pauvres n’entendent  pas mourir idiots…Dans ce pays de l’optimisme et par respect aux martyrs  il y a semble -t-il un rayon de soleil pour tout un chacun ; à condition que la fourberie et la bêtise ne  se dressent  en  obstacles  pour le dévier …
(c) Habib Ofakhri
 


mercredi 22 avril 2015

vision"réaliste" d'une révolution

Tunisocratie : révolution du peuple ou république de l'absurdie

Nous sommes en Avril 2011.
La Révolution  du 14/01 a remis soudainement  en question le substrat politique et culturel, sans parvenir –pour le moment   – à apporter de réponses alternatives et  structurelles dont dépendront les contours globaux de  la (future)  nouvelle  société.
 
C’est la gestation .Tout semble  baigner dans l’amnios  mixé du provisoire, plutôt le transitoire. Justice transitoire, gouvernement transitoire, exécutif transitoire, économie transitoire, sécurité et presse  transitoires etc …
 En attendant la première échéance  du 23 Octobre  pour élire  la Constituante. Après  le temps de la défiguration de l’ancien, viendrait-il   celui de la re-figuration du  nouveau .?

S’il est admis  que toutes les composantes sociales revendiquent  un droit participatif à l’élaboration de ces réponses, celles–ci requièrent une réflexion plurielle empreinte de temporisation rationnelle.. On ne s’improvise pas juriste, politicien, gardien de l’ordre  et  journaliste, du jour au lendemain. Comme par enchantement!. Ces activités  ne préexistaient- elles pas avant  14 janvier.Et qu’en avait -on fait ? Après la « mort «  des  authentiques  héros, les  néo-  hérauts ne doivent-ils  pas  faire preuve d’un peu plus  d’humilité ?. Par manque de vertu, au sens grec du terme, faut-il comprendre avant d’en admettre  l’ampleur du  faible rendement  réactif ,voire la complice  démission de la société -anté. 

Le pays  était  bien  bel et bien un  vivier de compétences et l’est encore, au regard de plus de  150.000 diplômés du supérieur   gambergeant   pour la survie.  Mais l’élan révolutionnaire  a  pris tout  le beau et le vilain  monde de court.
DE LA PEUR
Le peuple de la révolution, toutes générations et classes  sociales  incarnées qui a occupé les  espaces publics n’avançait  pas derrière une  bannière spécifique  d’un  quelconque parti  « politique ». Il  a décidé, sans gourou (e), la chute  du mur de la peur, de l’opacité et  de clamer,  haut et  fort, son ras le bol, à la barbe des élites et des  gouvernants. 
     C’est une des caractéristiques de la Révolution Tunisienne ,alors que Marianne ( l’Europe ), tout comme sa  sœur jumelle Jane ( The  United states ) ne voyaient rien venir à l’horizon , en dépit des appels  de détresse lancés , par  intermittence  par «  quelques égarés à l’âme  vendue à l’Occident oxydé » et  des  insurgés  à l’intérieur  de l’Orient  résigné et repu.

Ce même  peuple n’était pas anarchiste et  encore moins  nihiliste. Dans son irrationnel, il réclamait le raisonnable, conscient qu’il était  que seule la volonté est révolutionnaire .Il importe, par conséquent de respecter scrupuleusement  Sa volonté. 
Il a déjà proclamé son programme «  Dignité et Liberté ».Ni plus, ni moins. Ergoteurs, de tout bord, ne cherchez pas midi à quatorze heures. Suivent   , à titre  indicatif  les 14  premiers  points de l’Agenda :
 
1 - Une Constitution citoyenne - source de toute autorité responsable.
2 - Droit à l’information  et non un code de la presse.
3 - Droit à l’emploi et non un code du travail.
4 - Droit à l’éducation et non populisme  de l’enseignement.
5 - Droit à la santé  et non une médecine de palliatifs et autres talismans.
6 - Droit à un   développement  égal avec  partage  équitable des richesses selon l’effort  consenti et les besoins des démunis. 
7 - Solidarité  transparente et non couverture à l’hypocrisie et à l’enrichissement illicite.
8 - Un exécutif  républicain et non une  présidence absolutiste.
9 - Un parlement du peuple et non une assemblée de  parlementaires.
10 - Justice  autonome  et non pouvoir  judiciaire.
11 - Une police publique et non politique.
12 - Une armée   nationale  et patriotique.
13 - Une administration au service de la collectivité et non  des  administrés  soumis à  la bureaucratie.
14 - Egalité  et universalité des droits  humains et des devoirs civiques. 
 
Pré- bilan et prospectives
 
Pourtant, à  cette  période transitoire, sujette à la contingence, il serait illusoire de procéder à la concomitance de la praxis (théorie et  pratique), quand bien même la conjonction actuelle des revendications matérielles et les aspirations idéelles relève  d’une  cadence à terme.  
  La  réalisation de ce double objectif  ne  peut être que planifiée. A moins,  de présumer  que d’aucuns   soient  tentés  d’aiguiller le pays  au  couloir (impasse) de  la logique réductrice  et de la bêtise  absolue .      

Tout comme un fusil- chasseur ne  vise pas deux lièvres  à la fois, le pays ne peut, à mon sens, faire face sans méthodologie, à plusieurs  fronts d’ordre socio- économique et politique. Avec en (dé) prime supplémentaire, la crise humanitaire à la frontière sud –est avec la Libye où gronde  une Révolution de type garibaldien.

Portée par la dignité et la liberté, la Révolution du 14/01 a levé la chape d’acier  qui pesait sur les consciences et la  pénibilité du quotidien. Elle aura  favorisé, entre autres mérites, l’appropriation de soi dans l’espace  et le temps ; ainsi que le  désir enfoui de l’expression  indépendante. Passé le temps de la victoire contre la dictature, pointent ceux du pré inventaire  et des prospectives.

D’abord, le  pré-inventaire : un pays saigné à blanc par une mafia politico-affairiste. Et pour cause : la quasi absence de tout contre-pouvoir. La plupart des institutions de l’Etat , savamment  édifiées par le leader  Bourguiba ont été mises au pas et clientélisées.
 L’astuce de l’ex- président Ben Ali  consistait à ne leur octroyer  qu’un rôle  consultatif … subalterne. Pire que la déliquescence, la délinquance…
Une mécanique d’ascenseur-monte charge qui décolle du RCD ( rez  de chaussée de la société ) ou rassemblement dit démocratique ) pour monter vers le  palais de  Carthage. Et vice versa. Le parti  phagocyte l’Etat  le  transformant  en appendice. L’ex - chef  de l’exécutif rafle la mise en cristallisant les deux « mamelles » de la nation. 

____Le pays, c’est moi !«  a dû  susurrer le bovaryste de Carthage  à  son Emma De Leila. 
____Et le Peuple, c’est  Nous ! ont  vite rectifié les agoras du  pays.
 
Aussi, deux corps institutionnels ont-ils échappé relativement  aux   mailles du filet   : La Justice et l’Armée. La première opère sur le Droit, cette quintessence de l’intelligence humaine,( en toute âme et conscience , quel  lourd et profond credo ! ) , s’agissant  de l’application de  la règle  : dura Lex sed lex ( la loi est dure , mais c’est la loi ).

La seconde -réputée muette -demeure fidèle au principe  fondateur  de défense de la patrie contre tout danger intérieur et/ou extérieur. Pour l’instant, ces deux corps constituent,  avec  le peuple les  planches de salut  et le rempart de la révolution, quoi qu’il advienne....

Les prospectives, ensuite. Les comités  pluridisciplinaires  mis sur pied au lendemain de la Révolution sont astreints à accomplir leur mission jusqu’au bout. Les consensus et les contradictions qu’ils  traversent sont  autant de  signes positifs, ne serait-ce que pour dévoiler la duplicité du discours de certains courants  drapés  de l’accoutrement  politique. Et aussi longtemps que leurs  membres  restent fidèles  aux  idéaux du peuple et    aux  sacrifices de tous les martyrs.

L’objectif étant d’établir de nouvelles règles  de la convivialité, du  contre-pouvoir institutionnel et civique, afin qu’à l’avenir ne se reproduiront  -plus-les tares du passé. 

La petite histoire enseigne, toutefois qu’en politique rien n’est  pris d’avance pour garantie. L’enfer et le Paradis ne sont ils pavés, dit –on de  bonnes/mauvaises intentions ... 

Sans éthique, sans reddition ( accountability) , le politicien persistera  à faire usage de la parole pour cacher sa pensée ,non pas que celle-ci  soit   indéchiffrable  mais parce que l’astuce -  encore elle -consiste à manipuler, au préalable les citoyens  sondés et  souvent  crédules. Son objectif étant le Pouvoir , cet invisible  qui , de surcroît  ne se partage pas .(Dixit Montesquieu). Par analogie, politique sans éthique n’est que pillage de l’économie et ruine  de  la société.

Pour l’anecdote , le psychanalyste S.Freud  reconnaissant  à la fin de sa vie qu’il n’avait  rien compris  à la psychologie féminine, ( rappelez-vous  sa fameuse assertion  : « …Mais qu’est ce qu’elles veulent ? » Dans  - ses mémoires -il rappelle qu'en chaque  homme sommeillait  un Roi . Traduire :  X  potentats  potentiels sur terre. Que le Clément  nous en préserve !
 
Le travail sur  et contre soi

Dés lors, tout programme politique ambitionne, dans ses énoncés de répondre aux attentes des uns et aux projets des autres. Il demeure, in fine, un programme tout court. 

En général, l’habile politicien  n’a pas de difficulté à gloser sur le  « quoi « et à étayer le »pourquoi » de son programme.
Il tiquerait, en particulier, une fois sur deux, sur le « Comment » .Voici  pourquoi, il appréhende l’exigence de transparence venant  du tribunal  public représenté, en démocratie  par la justice, les médias critiques et l’opposition parlementaire responsable.

Mais que faire quand, bon gré et mal gré, la politique  reste  l’outil  prépondérant  en vue d’organiser  les affaires de la cité et de ses hommes.  La  démocratie : le moins mauvais des systèmes  de gouvernement  ? Dilemme.

L’ébauche de réponse  ne pourrait être que  socratique : faire œuvre de maïeutique  et de réflexion  sur soi .Et contre soi ,afin que le bien en chacun de nous,  l’emporte sur le mal. Bien et mal cohabitent sous le même toit  et  parfois sous la même enseigne … Douter, questionner, dialoguer  et  lutter , tel serait  le tableau  de bord  de l’homme libre et mortel . 

A côté de cela , seul le travail et sa reprise  motivée par l’intéressement  de ceux  qui s’y adonnent  avec  conscience sont générateurs de croissance,  de richesses, d’innovation et d’épanouissement  .Ceux-ci sont -in fine,le prestige  et la  puissance de toute nation.

Si la révolution Prométhéenne du 14/01  avait déclenché dans son  sillage,  l’étincelle du «  Printemps arabe « , l’on augure que  les annales  du  21 ème siècle retiennent  que  la Tunisocratie  aura été la  révolution  du peuple pour un peuple engagé  et non   l’ébauche d’une république de l’Absurdie?

  • 30-06-2011 1
  • 01-07-2011 19:13
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    samia ben aziza
    Le processus révolutionnaire, semble manquer de stratégie et de vision. Les échéances ne sont pas celles que l'on croit, mais celles de l'appropriation de tous de cette dignité, liberté et justice revendiquée par tous et criée haut par les jeunes qui n'avaient plus rien à perdre et tout à gagner. LE VOTE n'est pas la démocratie, mais une étape ultime que nous sommes loin de pouvoir atteindre en octobre... face à la démagogie qui sévit. le fait de rendre les discussion de la haute instance... sans médias audio est une des facettes de cette nouvelle élite politique "autoproclamée".
    02-07-2011 09:20
  •  
    chebanche
    Sans méchanceté envers l'auteur: Beaucoup de mots compliqués. Entre le style Renouveau/Action et la Sorbonne. Il est temps d'en finir avec ces mots creux . Parlez simplement et de façon intelligible SVP
    02-07-2011 13:37
  •  
    arfaoui
    "Voter, c’est abdiquer ; nommer un ou plusieurs maitres pour une période courte ou longue, c’est renoncer à sa propre souveraineté. Qu’il devienne monarque absolu, prince constitutionnel ou simplement mandataire muni d’une part de royauté, le candidat que vous porterez au trone ou au fauteuil sera votre supérieur...Aujourd’hui, le candidat s’incline devant vous , et peut-être trop bas ; demain, il se redressera et peut-être trop haut . Il mendiait des votes , il vous donnera des ordres...Au lieu de confier vos intérréts à d’autres, défendez-les vous mêmes ; au lieu de prendre des avocats pour proposer un mode d’action futur, agissez Rejeter sur les autres la responsabilité de sa conduite, c’est manquer de vaillance."Elisée RECLUS
    02-07-2011 23:57
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    sami
    @ moumen salut oui il suggère des idées à, creuser mais que dis tu de l'idée de " on veut pas de pouvoir judiciaire " ? c'est ou bien du romantisme politique maladroit , ou un retour en arrière par rapport à l'idée des 7 pouvoirs!
    03-07-2011 20:38
 6 Commentaires

07-04-2015
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mardi 21 avril 2015

TUNISIE: vision idyllique d'une "révolution"...

Tunisie : La Révolution B M W…

Rassurez-vous, la Révolution du 14 Janvier 2011 n’est  sortie ni  de l’acronyme ni de la firme bavaroise  BMW (Bayern Motern Werke ) !.Il s’agit d’une coïncidence qu’introduisent les lettres B, M et W, en  tant qu’initiales  itératives des protagonistes -ou supposés tels-  de cet événement  majeur du « Printemps arabe «. La pérennisation revient, en dernier ressort, au devoir de mémoire et de  fidélité  à l’égard des sacrifices de 300 martyrs, plus de 1000 blessés et  de milliers de  personnes  traumatisées .Pour que triomphent la dignité et la liberté.

Autant que tout  peuple, le Tunisien aspirait – depuis 2.200 ans à la liberté  soit depuis Jugurtha jusqu’à Bourguiba, deux grandes figures autochtones ayant osé  braver   l’hégémonie de deux Empires : romain et français.  C’est dire qu’une fois arrachée, la liberté  doit être protégée par le droit et la vigilance soutenue. Et chaque fois  que la vigilance lâche du lest, la liberté perd du terrain au profit du despotisme, fut-il  éclairé.

Jugurtha  a  fini ses jours enchaîné  dans une geôle de la banlieue de Rome. Bourguiba cloîtré  dans une villa de sa Monastir natale , alors que  son successeur «  constitutionnel «, après avoir  promis «  monts ( politiques ) et merveilles ( économiques ) »  se retrouve fugitif , quelque part, dans une contrée  d’Arabie. 

Le peuple tunisien aura accompli un acte expiatoire et salvateur de l’intérieur, ouvrirant  la voie à un nouveau  chapitre de sa  révolution : la IIème République . Vox populi, vox Dei ( la voix du peuple  ,voix de dieu ).Et le poète ,  bien de chez nous  duplique : "Si le peuple veut la vie , force au destin d’y répondre."( dixit,Abul Kacem Chebbi).
 
Ainsi soit-elle
       
Dès  lors, un survol simplifiant place la révolution du 14 janvier  sous la bannière BMW. Ainsi soit – elle.

• B comme, Ben Brik. Un Robin des bois qui aura été le premier, depuis l’an 2000 à lézarder  -par ses  coups de gueule, écrits caustiques et non moins frondeurs- la muraille de l’édifice de son Ben Avie .Un édifice construit savamment sur l’omerta et la confiscation de la parole, toute parole, par la mise en branle   d’une stratégie de communication bien ficelée. Avec  la complicité   consentante  ou intéressée  des élites et compétences  du pays. Mais sans contrainte. 

Ici ( parenthèse ), je témoigne  :  associé à la délégation officielle de l’ex- chef de l’Etat durant sa visite au Portugal ( Février 1992) , j’avais alors décliné , une proposition  de  direction du journal francophone gouvernemental , non par fuite devant la responsabilité ,  mais par souci d’honnêteté. Faiblesse : de l’homme qui confond  politique et éthique personnelle (non –violente ). J’étais , par conséquent  révulsé   par le  double procès  militaro – civil  , dit de « Barraket Essahel «  que j’ai couvert   pour l’agence de presse internationale AP  un mois  durant, l’été 1991. Après avoir tiré une bouffée de sa  cigarette, M.Ben Ali  me fixa en soutenant ,avec  malice   que ce procès fait partie du passé.(fin de parenthèse ).Cependant, justice imparfaite fut  faite.

Il  aura réussi, par ailleurs, à monopoliser les initiatives et à les canaliser vers des desseins, au premier degré louables mais dont l’un des travers est d’avoir rendu la société amorphe  par un nivellement horizontal et vertical.
Pour preuve, en  23 ans de pouvoir, l’ex-président n’a pas réussi à susciter l’émergence  d’une génération   acquise au Changement sept novembriste .

Dominant. Retranché et Secret  qu’il était. « Le Rire de la baleine », de Ben Brik faisait, un pied de nez à Ben Avie  qui se prenait  pour un avatar pharaonique .Il promettait ,à tout vent , la «  République de demain «  en caressant le rêve d’une régence héréditaire   perpétuée   par une  alliance oligarchique  croisée de familles à l’appétit vorace , pour l’oseille ,et  servie par l’asservissement les structures de l’Etat- Parti.

Huilée, la machine fonctionnait à merveille. La valse  des permutations  de têtes était réglée au pas de danse.  Sans tapage ,on accède  au gouvernement et aux institutions  de l’Etat , et on en sort , sur la pointe des pieds   avec, pour les happy few ,un  porte-monnaie  garni.  Enrichissez-vous. ! Le capital  tant national qu’étranger y trouvait son compte. La hantise et l’effroi  générés  par l’intégrisme et  les  sinistres attentats du 11/9 2001 au pays de l’oncle Sam ont fait le reste, aussi bien auprès de l’opinion publique  que des dirigeants  occidentaux  . La plupart de ces derniers n’ont pas manqué d’encenser «  le modèle tunisien ». L’Onu, Davos,le Fmi, la B M,la Bad et jusqu’au leader  Sud–africain Nelson, Mandela  et le pape Jean Paul II ont été bernés  par les jongleries du Manitou. Un vrai génie de Bou Kornine ( la fameuse montagne aux deux cornes ) ,s'il en est .Des statistiques à la carte et une presse aux ordres  paraphrasent en remplissant  le vide  par du néant.  (Autocritique ).

• Les B2 ,Bouebdelli et Beltaief  étaient des hommes de l’ombre. Ils participaient à une course de relais
pour alerter chancelleries et médias étrangers sur les dérives et déboires du régime. Il  en sortit des  feuilletons sur les pages exilées de « L’Audace » et des   opuscules sur «  Notre ami Ben Ali » , puis «  la Régente de Carthage ».S’ils étaient, à temps, débusqués ,ces informateurs auraient été inculpés  d’accointance , voire  d’espionnage par l’ex maître du pays qui s’avèrerait , en la matière , un agent patenté. Avec d’autres informateurs anonymes , tout aussi bien  informés ( par infiltration et entrisme ), ils alimentaient  des messageries  diplomatiques -opaques  que le site  libre Wikileaks  ( merci Assange ) déballe  au grand jour , sur le net en décembre 2010,accélérant la chute  du régime  Ben ali.
 
• BM , comme bassin minier. Pour ceux qui ne le savent pas, la Tunisie est le 3 ème  producteur et exportateur mondial  de phosphate. Cette matière première est fort demandée sur le marché international et national. Découverte vers la fin du XIX ème  siècle par  Philippe Thomas , elle  rapporte , selon des estimations plus de 5 millions de dinars par jour à l’économie nationale. Etalé sur une si longue période, cela représente un montant faramineux. Et pourtant la région du bassin minier (  Moularès , Metlaoui,M’dilla et Redeyef ) est  relativement dépourvue des infrastructures minimales. Pire, la condition d’environ  10.000 mineurs  rappelle les pages empathiques  de Zola et celles humoristiques de Khraief.
 
 La vérité est amère

Avril 2008 : soulèvement des citoyens du bassin minier étouffé dans une  répression sanglante, quand bien même ils ne réclamaient  que davantage d’équité et de dignité, en rapport avec l’apport de la région à l’économie du pays.

• W comme Web et Wikileaks .  En moyenne, les Tunisiens sont ,par tête d’habitant ,les plus Facebookés dans le monde.  

• B ( comme Blog ).
La blogosphère  nationale  brasse un éventail bigarré d’internautes ( juristes, politiciens,étudiants, chômeurs,journalistes, intégristes, hommistes…). Les   fuites volontaires ou involontaires   des frasques et dérives  magouilleuses du régime  sur  Wikileaks  ont  dissipé les ultimes doutes sur les visées de «  l’éléphant  dans la chambre « , le verrouillage et la mainmise de Ben Ali et son clan sur les rouages et les richesses du pays.

• B, comme Bouazizi
Ce jeune de Sidi Bouzid  s’immole  par le feu le 17 décembre  en désespoir de cause. Il était empêché  de vendre, sur la voie publique des bottes de persil pour aider sa famille à vivre un peu plus dignement. Son acte iconoclaste, en terre d’islam a été émotionnellement  médiatisé.  Il eut  l’effet d’un  sursaut  de  conscience  auprès des Tunisiens, toutes régions confondues. Du borj , au sud à Bizerte , au nord. Ils se sont révoltés, avec une bravoure inouïe  et collective  contre l’injustice imposée   de ceux  qui  prônaient –l’imposture  -des slogans de  la solidarité et du patriotisme  en faisant main basse, en toute impunité, sur la conscience et  les richesses du pays.

La suite est connue, le 13 janvier 2011, le roi est nu. Le 14, il a fui le pays. En  qualité de politicien, Ben Ali est fini. En tant qu’homme, il saura affronter son destin.   Ne manquant pas d’hommes et de femmes valeureux, la Tunisie doit construire un avenir (démocratique) ou rééditer un devenir (anti- démocratique) .La partie d’Echecs  marque  ainsi un tempo à échec. Reste, celui du final …  mat. Pas de fin de partie donc. La vérité est amère, mais c’est la vérité.

D'aucuns présument , sans  que cela soit  pris pour  décharge, que M. Ben  Ali a été à la fois victime et bourreau de son entourage; sur le bateau chavirant duquel, il s’est laissé embarquer jusqu’au naufrage. Heureusement,  qu’une  partie du butin resta bloquée au quai.

Pour  le lecteur un tantinet averti d’Hérodote, d’Ibn Khaldun et de  Toynbee, l’Histoire dans son jeu de l’éternel retour- est parsemée  d’exemples de ce type. Il n’en demeure pas moins  que même dans sa tombe , le Combattant Suprême, ce  mégalo-probe aura pris sa revanche ; lui qui marmonnait , quelques heures avant sa destitution qu’on ne « succède pas à Bourguiba » !

En contrepoint de ce survol non exhaustif  de la Révolution  d’un peuple ayant réussi à sauter  sur son ombre et propager la liberté  contagieuse, se profilent  d’autres paramètres à caractère structurel .Ceux ci  requièrent  une analyse académique interpellant, entre autres la socio- psychologie et la culture :
  • la lutte des classes sciemment mise en sourdine et jamais questionnée, sous prétexte  de l’unité nationale ( quelle unité ? ).
  • la liberté d’expression.
  • le statut et l’identité de l’individu dans  la communauté ( la citoyenneté )
  • l’épaisseur  de l’intériorisation des droits et devoirs.
  • les velléités de  désobéissance  civile  et  civique .
  • la souhaitable délimitation de la sphère céleste (dieu) et celle terrestre ( prince ).
  • l’interprétation de  l’explicite et de  l’implicite  dans le vécu  quotidien .
Etc..
(c)Habib OFAKHRI
Ancien   élève du CFJ-PARIS
Rédacteur-en Chef
TAP-
TUNIS 30 MAI  2011
 





Les Commentaires
  •  
    patriote
    Une fois installé solidement sur le socle de l'état en 1989,le signal de nivellement par le bas est donné:mise à sac des banques,avec les facilités bancaires tout est possible ,la spéculation sur la bourse de tunis aidant dès sa création:ex.l'action de STB ou BH depuis sa mise sur le marcher boursier ,pour ne citer que ces 2, est passée de 6 dt à une valeur impensable d'environ 80 dt;comment un titre d'une société quelconque passe en un temps record de 5 dt à 80dt? sans que la société en question ne se développe réellement 15 fois plus en un temps record?et sans que les pouvoirs publics d'alors ne lèvent le doigt et ont laissé faire.On se rappelle tous le retour à la valeur réelle de départ(vers 1995) avec des pertes que le petit porteur à casqué sans broncher :plusieurs ont laissé des plumes dans ces opérations "non transparentes" ;ainsi les gagnants de ces opérations illicites sont devenus des milliardaires du jour au lendemain .A partir de 2000, la classe moyenne est saignée par le fisc et l'inflation jusqu'à ce quelle est devenue exsangue et en 2010 c'est le ras-le-bol général et l'explosion (il faut rappeler que le dinar lors du coup d'état de 87 malgré que les caisses sont vides, vaut 10 FF; fin 2010 il faut 2 dt pour 1 euro: en 20 ans le dinar a perdu 4 fois sa valeur,et on imagine bien les conséquences). Maintenant et si on veut garder cette liberté chèrement acquise ,il faut que la société civile rester en permanence sur la qui-vive ,et ne jamais laisser à une petite ou grande majorité le champ libre ,car les rapaces de la politique , quelque soit leur bord et leur philosophie, si toutefois ils en ont ,guettent toujours un fléchissement de la vigilance pour accaparer le pouvoir et faire la même chose que les prédécesseurs. détourner le pouvoir en leur profit.C'est le prix de la démocratie.
    31-05-2011 10:29
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dimanche 19 avril 2015

Impressions d'un journaliste au palais de carthage



Lorsqu'à un journaliste la profession offre une longue opportunité d’être « témoin- observateur « du centre du Pouvoir, l’on s’attend qu’avec- la distance- il parvienne à analyser objectivement les mécanismes d’un système où informer rimait alors avec gouverner. Un système fermé sur lui-même et dont le discours dit de « bois » participait à la déformation linguistique des faits dans le dessein politique de légitimer le pouvoir et l’apologie de ses acquis. Avec Bourguiba ,la Tunisie a réalisé certes des acquis indéniables ne fut -ce que d’avoir placé son train sur les rails de la modernité , comme le leader se plaisait à le répéter . Etre reporter au Palais de Carthage – qu’on le veuille ou non s’apparente davantage –dans un système brillant de façon terne –par l’absence de la liberté d’expression subordonnée à un non -droit à l’information- au rôle de rapporteur ou de procès verbaliste. Ainsi en était il . En succédant au confrère Hachmi Lakhal ( que son âme repose en paix ), Mehdi était devenu le reporter attitré de l’agence de presse TAP auprès du Palais .Cependant, les circonstances ont voulu qu’il s’absente pour motif de santé ou de repos . Et c’est ainsi que le choix a été porté sur l’auteur de ses lignes pour en assurer l’intérim. Par mémoire durant un peu plus de deux semaines- C’était sous le gouvernement de Mohamed Mzali au cours de l’an 83. Pour un jeune journaliste c’était un cadeau inestimable : vivre l’émotion du palais et voir en chair et en os le couple présidentiel. Premier jour, premier choc : Bourguiba n’était pas aussi grand (de taille) que je l’imaginais. Vers neuf heures du matin, il quitte accoudé au bras de son épouse sa chambre vers son spacieux bureau empruntant un couloir dont les cimaises portent des portraits de certains beys de Tunisie . En le traversant le couple présidentiel reçoit en chœur le chaleureux « bonjour monsieur le Président » de l’équipe de la TV nationale et de son photographe-historiographe , feu Habib Osman . Quand à bibi ,encore une surprise : le regard de Feue Wassila ( la première dame)est attiré par une broche dorée représentant deux palmiers que je portais à la boutonnière . 
--- Tu es de la Tap c’est quoi cette broche, elle est jolie et la cravate ? 
---- Elle représente Tozeur , ma ville , je vous l’offre avec plaisir et je ne porte pas de cravate aujourd’hui -
---Merci nous allons prochainement nous rendre dans cette belle région. Débute ensuite le bal des audiences. Le directeur du protocole, Abdelmajid Karoui introduit au bureau présidentiel le premier ministre. Salamalek. Quelques rushs pour la tv et la porte se referme. Le représentant de l’agence dispose d’un bureau –exigu- mais mitoyen à celui du directeur du protocole .IL offre une vue d’ensemble sur le hall officiel du palais et de sa bibliothèque. Trente minutes environ, Mohamed Mzali se dirige vers notre bureau d'une démarche olympienne. 
Et de déclarer :« j’ai présenté au" combattant suprême" un rapport sur les activités du gouvernement etc et le président Bourguiba a décidé etc…. » .
       Mzali a le verbe facile et fait souvent usage de termes savants en arabe littéraire. Pédagogue il accepte d’être rectifié sur le plan formel et ne se fâche pas – comme certains de ses ministres-lorsqu'on leur recommande de ne pas traiter plusieurs sujets dans une seule déclaration.... Pour contourner le conseil du journaliste, certains ministres font parvenir au siège à l’Avenue des rallonges écrites ou téléphonées par leurs subordonnés .L’indignation du journaliste est classée sans suite comme est classée « sans suite » l’information collectée indirectement sur le prochain déplacement au Jérid (sud ouest du pays)du couple présidentiel . A propos des ministres coléreux, deux anecdotes: Au sortir d’une longue audience le ministre de l’intérieur quitte le bureau présidentiel chargé d’un volumineux dossier de paperasses - « Pour la tap , comme d’habitude écrivez que j’ai fait un exposé sur la situation sécuritaire dans le pays » lance furtivement Driss Guiga- 
----Mais monsieur le ministre comment caractérisez-vous cette situation ? 
----De quoi tu te mêles ,rétorque t il ( en arabe dialectal il faut ajouter le grossier  : de quoi tu te mêles de »la religion de sa mère » !. Après chaque audience, des membres du personnel du palais s’agglutinaient autour de moi pour se renseigner sur la teneur des déclarations et surtout de nouvelles nominations .Un jour A Karoui me prend en aparté en m’intimant d’éviter de parlementer avec« ces personnes » et remarquer également que je ne portais pas toujours de cravate.
 ----Ces personnes  -dis -je les renvoie poliment à la lecture du fil de l’agence  .Quant à la question de la cravate je l’ai réglée avec la première dame de Tunisie qui m’en a pas refait la remarque .Je déteste qu'on impose  une corde  à mon coup . Et puis a ton  vu une cravate  écrire un article..?.Il baissa le regard en regagnant son bureau . Quelques années plus tard et suite à sa réhabilitation par l’ex président Ben ALI, j’ai croisé M.Guiga plus décontracté. (sourire cette fois sécurisé)- La deuxième anecdote concerne Mohamed KRAIEM , ministre de la jeunesse et des sports . Le président BOURGUIBA semblait ce jour là remonter contre lui.IL ne le reçoit pas à son bureau mais debout devant la porte de la bibliothèque. Le ton montait . Deux minutes chrono .Les deux hommes se quittent . Au bureau de presse, le ministre reprend son souffle .IL part dans une longue tirade où il fait l’éloge de la « clairvoyance du combattant suprême…. Et les préparatifs en cours pour célébrer son glorieux anniversaire .. etc » J’ai fait remarquer à mon interlocuteur que l’audience debout a duré « deux minutes « alors que sa déclaration dépasse les dix minutes .Etant témoin oculaire de la scène je ne peux objectivement prendre cette responsabilité et vous prie de l’adresser par écrit au siège l’agence .Chose faite mais le ministre l’a pris pour « humiliation » d’après les échos . Au siège de l’agence , on mijote la relève du garçon "impertinent" ...La liste des anecdotes pourrait s'étirer …. Moralité :Sans outrecuidance, quand on assume on peut placer chacun à sa place ,à condition de faire preuve d’intégrité et de dignité professionnelle -Sans prétendre assigner au journaliste le rôle qu’assume en démocratie un opposant politique, il lui incombe impérativement de défendre la liberté d’expression pour ne pas faillir à sa mission et entraîner le public dans la médiocratie .
(c)Habib OFAKHRI

jeudi 16 avril 2015

TUNISIE-FLASH

Sos avant chavirement !

Permettez-moi d’être plus prosaïque… Voilà quatre ans, la société se dresse –comme un seul homme -debout. Sous une bannière unique de la Tunisie. Il interpelle son Etat post- indépendance pour dénoncer la dérive d’une unité (politique) de façade laquelle permit aux riches de s’enrichir et aux pauvres de  s’appauvrir. La ronde de l’ascenseur social ne tournait pas rond. Comme si chaque main scella  «sa sœur» -dit-on en dialectal et que la roue de l’histoire se figea à minuit. L’opulence  n’étant pas ici seulement d’ordre matériel mais indubitablement  à dimension mentale  et éthique. Ni les premiers gavés n’ont lâché prise pour partager ni les seconds n’ont trouvé récompense pour  les sacrifices -par le passé- consentis. Désormais tous les deux se morfondent dans un  dramatique désespoir  du dé-bonheur et la fierté d’une carte d’identité nationale –administrativement -partagés.
Par son mouvement mobilisateur, le peuple crut  secouer la somnolence des z- élites et chasser les politiciens postiches lesquels s’appuyant sur la batterie d’une bureaucratie  aussi lourde qu’improductive ont  pompé à loisirs les richesses et les potentialités. Le résultat est là. Moins de 10 pour cent de la population a raflé toute la mise…
Quatre années passées dans la tourmente avant que «le dialogue national» n’engage le pays dans la sortie du tunnel; par la double embellie d’un scrutin démocratique et le boulet  aussi d’une dette hypothéquant le bien être de la génération post-révolution.
Pour le peuple de la révolution, l’issue  démocratique ne résout pas pour autant les frustrations latentes  ( chômage, inégalité, corruption et terrorisme ). Et du coup tout le monde d'ici et d’ailleurs se met au chevet d’un pays malade des ses propres maux. Des conseils orientés et des propositions à dessein ciblées .En vain.
Si le bateau «Tunisie» ne coule pas c’est que   –profiteurs et blousés- sont  rassemblés au milieu du pont. Que l’on recule ou avance, le bateau  basculera. Et avant qu’il ne soit trop tard  et dire qu’on aurait du se comporter  autrement, l'on ( le gouvernement et société civile ) doit agir dans le sens  de l’équilibre de la liberté et de la dignité  retrouvées. Dans l’égalité. Tous les sacrifies  seraient permis  si au bout  du chemin les dividendes  étaient  équitablement répartis…
C’est que si les nantis  étaient  pauvres  avant de s’enrichir; les pauvres n’entendent  pas mourir idiots…Dans ce pays de l’optimisme et par respect aux martyrs  il y a semble -t-il un rayon de soleil pour tout un chacun ; à condition que la fourberie et la bêtise ne  se dressent  en  obstacles  pour le dévier …

(c)Habib Ofakhri
 

mercredi 15 avril 2015

Impressions africaines

Au Pays Des 2 M (MAPUTO- MOZAMBIQUE) 


La matinée du lundi 12 mai 2008 annonce une nouvelle journée chaude et humide sur Maputo. La veille, pourtant le ciel fut menaçant. Les traces du crachin intermittent se confondent avec les premiers rayons paresseux de l’astre du jour. Un temps digne du sud de l’Inde , tant la similitude atmosphérique est frappante alors que cette région et le Mozambique sont baignés - à des milliers de kilomètres nautiques- par les mêmes eaux de l’océan arabo- indien .Il va falloir se frotter les yeux pour se situer dans l’espace dans lequel on se meut.

Plus de 10.000 km ont été survolés depuis la veille quand j’ai quitté Tunis en passant par Paris, Durban et Johannesburg ( en Afrique du sud ) avant d'atterrir sur le tarmac de l’aéroport international de la capitale Mozambicaine. Et un avant goût : une vue aérienne nocturne offrait un panorama surdimensionné de cette ville toutes ampoules flambantes. Une ville anonyme comme toutes les cités du monde ,vues du ciel.

A peine franchies les marches du hall de l’hôtel , l’atmosphère reste lourde,en dépit d’un ciel dégagé…Déjà la nostalgie du climat méditerranéen s’empare du corps.La Tunisie toujours... 
     Mais ,courage , il faut avancer. Les Maputois sont des réveils tôt. Ils circulent à pas artistique et pressé .Des mômes , cartables en bandoulière prennent le chemin des écoles. Des femmes altières se fichent d’avoir le crâne écrasé sous le poids d’un baluchon qu’elles fixent sur la tête à l’aide d’une main pour donner l’autre à l’enfant qui suit la cadence de l’adulte. 
    Sans traîner. Les maigres citrons et ananas portés sont destinés à un modeste  étalage à même le sol et vendus à la criée pour assurer plus la survie que la vie.Ici subvenir à ses besoins vitaux relève d’une corvée quotidienne .C’est le prix de la dignité...

DIABLEMENT ASSIMILATRICE

Tandis que l’on palabre sur le prix d’une poignée de cacahuètes en monnaie locale le Métical ( 1 dinar tunisien est l équivalent de 20 méticals ).Une manière d’engager la conversation,des jeunes fraîchement rasés et de jeunes filles bien accoutrés s’engouffrent au hall du millénium, BIM ,  siège d’une banque à l’allure de gratte ciel trônant au centre la capitale .
     Les cireurs ont installé leur outil de travail. Par rangées de trois.Un marché de produits chinois à des prix défiants toute concurrence. Du troisième choix...

Des véhicules plusieurs marques circulent avec une dominante nippone et sud coréenne.Une circulation  anarchique aggravée par des feux de signalisation... en panne. La présence policière est quasi inexistante. Visibles, les flics  se déplacent en duo, kalachnikov bec au sol . Avec leur tenue ,ils se confondent avec les couleurs ocres des bâtiments de la ville .Peu de rixes sur la voie publique où les gens peuvent s’asseoir sur les marches des magasins pour échanger des nouvelles et rire  à gorges chaudes. Les artères et les avenues de la capitale portent les noms de camarades de la gauche « révolutionnaire ». De Samora MACHEL ,figure emblématique de l’indépendance du pays ( juin1975) jusqu’à Marx ,Lénine, Castro et  tutti quanti…

Bien que le pays ait épousé l’économie du marché et la démocratie libérale, les vestiges-symboles sont encore sur leur assise. De nombreuses bâtisses coloniales depuis que l’aventurier portugais Vasco de Gama eut accosté sur la cote est du pays.Il y de cela cinq siècles …

Des Arabes , des missionnaires  catho et des Hindous l’ont précédé faisant de la capitale une mosaïque de cultes où le minaret côtoie ,l’église et le temple. Tout cela fait de Maputo, une ville haute en couleurs, cosmopolite et diablement assimilatrice. 
    Des frontières poreuses de 4.571 km avec six pays d’Afrique australe font du Mozambique et de sa capitale un condensé de peuples africains, toutes ethnies confondues.Un microcosme  de la coexistence humaine..

Fait édifiant , sur les 22 millions que compte  alors le pays ,45 pc ont moins de 14 ans alors que l’espérance de vie tourne autour d’une moyenne de 40 ans pour les deux sexes. Selon l’Unesco , le taux d’alphabétisation ne dépasse guère les 48 pc.
Cette jeunesse  -belle et fière-n’était donc pas au monde lorsque leur pays baignait dans une mare sanglante de la guerre civile (1975-1992).Dix ans durant, une lutte sordide pour le pouvoir entre deux partis politiques de libération nationale : le Frelimo( front pour la libération du Mozambique) et le Renamo( la résistance nationale du Mozambique).
    Cette guerre fratricide en période de la guerre dite froide n’avait  içi rien de froid. Elle y a laissé , officiellement plus d’un million de morts, faisant de ce pays le deuxième a avoir souffert le martyr après le Cambodge des Khemers rouges. Dix huit ans après la signature d’un accord de paix entre les deux frères ennemis, le pays ne s’est pas encore débarrassé des séquelles des mines anti- personnel qui handicapent les personnes et le...  développement. 

AINSI SONT –ILS

Bien que le Portugais soit  langue officielle, les Mozambicains parlent au moins 40 dialectes.De quoi détrôner la tour de Babel !et pourtant, il est aisé d’entrer en contact avec eux , tellement la population est spontanée et pacifique. De grands fêtards …Lorsqu'ils se retrouvent après minuit aux abords du centre Chimoio , les filles et les garçons s’en donnent à cœur joie et se soucient peu des conséquences des coups de reins hasardeux...La bière 2M coule à flots et les rythmes de la musique afro-techno sont assommants pour les... tampons fragiles. Bilan:

officieusement, 10 pc de la population est séropositive. La guerre civile au Mozambique fait partie, désormais des reliques de l’histoire.Le pays enregistre une croissance du pib de 7 pc par an et surtout fait rare sur le continent, une alternance démocratique du pouvoir, grâce aussi à un valeureux patriote. L’ex président Joachim Chissano a quitté le pouvoir en 2004, la tête haute en plaçant l’intérêt du pays au dessus du sien.

Seuls Chissano, Nelson Mandela et le chantre de la négritude , Sédar Senghor ont déblayé de leur vivant la voie de la démocratie à leur pays respectif. Sur le continent africain demeurent en suspens ,50 conflits politico-ethniques  potentiels dans la lutte implacable pour le pouvoir temporel.Que de larmes et de souffrances en ...perspective.


L’AUTRE FACE DE LA MEDAILLE
Malgré les potentialités dont il dispose et la richesse de sa faune et de sa flore , le Mozambique compte encore des régions enclavées et des îlots d’une précarité criarde. La zone Mafalala, située sur l'interminable bretelle conduisant à l’aéroport fait rejaillir un contraste avec les cossues résidences qui bordent l’océan. ...Cependant, Maputo ne détient pas ce triste record d’un quartier rouge .

Les périphéries de la quasi-totalité des capitales africaines sont ceinturées par des populations aux conditions précaires que des murs de la honte n’arrivent pas à cacher. Dans cet univers , on réalise à quel point la misère associée au ventre creux fournit le terreau des révoltes, de la violence  et de l’auto destruction, sinon aux candidats du terrorisme national ou transnational. En côtoyant mes semblables durant ce bref séjour professionnel, j’étais subjugué par la beauté des sites naturels et l’amabilité des Mozambicains .Des vers du bohème Rimbaud ne cessaient de résonner dans la tête .Un amalgame de « sereine ironie " face à  l’éternel azur" .Ainsi, avance l’Afrique avec son ineffable  et les attentes  que portent  ses multiples contradictions . 
H.OF
(c)

jeudi 9 avril 2015

TUNISIE-terrorisme :En finir avec l’autodestruction