Les cimaises de la galerie du petit Carnot sise à l’Institut français de Tunisie abritent une exposition –hommage de photographies inspirées de carnets inédits de l’écrivain- poète universaliste Abdelwahab
Meddeb( 1946-2014).
L’œuvre portant sur les notes instantanées consignées par le disparu en cheminant dans les cités marocaines de Marrakech et Tanger est due à l’objectif de l’artiste photographe Jalel Gastelli.
L’œuvre portant sur les notes instantanées consignées par le disparu en cheminant dans les cités marocaines de Marrakech et Tanger est due à l’objectif de l’artiste photographe Jalel Gastelli.
On y découvre une face insolite de Meddeb : un homme
sensible au détail d’une plénitude rassurante , sous un regard angoissé mais
questionneur. Un penseur habité par
l’étrangeté et l’extranéité.IL tente de percer le mystère invisible malgré
l’obstacle visible. L’atmosphère de la mystique cité ocre
et de Tanger la bleue en face
d’une lointaine –proche Andalousie s’y prête..
« …Le temps passe et m’emporte sans que je vive la conscience
de son cours.
C’est dans cette éternité de l’instant que je séjourne » ,note l’écrivain à Marrakech.
En effet. Au cours de sa longue mais éphémère existence , le mortel ne poursuit –il pas une aventure jusqu’au moment où il bute à l’obstacle...
Au départ il n’y a qu’un mur. Singulier. Il renvoie ontologiquement à l’être et
son double : l’origine et le devenir .A peine franchi que d’autres obstacles
psycho- historiques pluriels surgissent. Un mur des lamentations ?Que non.Un mur de séparation
à Berlin ou en Palestine et un autre au Sahara occidental .Un mur du son. Un
mur délimitant l’espace privé et celui public. Un mur fantasmagorique à démolir
et un autre politique à édifier …Bref un conflit à n’en plus finir entre le
désir de l'Etr et la loi des hommes.
A Tanger –le voyageur Meddeb
renifle l’odeur métaphorique de « la miction d’or »
avant de revenir ,consigne –t-il« au café
Nafa devant l’Espagne toujours voilée » pour siroter …un thé à la
menthe ! Son regard ne s’arrête pas au visible mais tente d’aller au delà. Bien que les photographies n’ambitionnent
point de véhiculer un message in/ déterminé , les prises d’angle des pans de murs et les couleurs captées n’en referment pas
moins des signes et des référents voire un indice.Renvoi implicite au ciel illimité- au vide étroit
ou au large maritime . Lieux ésotériques ,s’il en étaient.
Selon Meddeb « le poète et le photographe se rencontrent
dans la vérité de l’instant ».Etant
fugace ce dernier rend plus âpre
toute communication avec l’absence. Paradoxalement, si la solitude se résumait
dans l’oubli de soi ,elle n’éluderait
pas moins le souvenir de l’autre ,tous les autres.