samedi 27 mai 2017

Abdelwahab Meddeb : Eclairer l’invisible …


       Les cimaises de la galerie du petit Carnot  sise à l’Institut français de Tunisie  abritent  une exposition –hommage de photographies  inspirées de carnets inédits  de l’écrivain- poète universaliste Abdelwahab Meddeb( 1946-2014).
        L’œuvre  portant sur les notes instantanées  consignées  par le disparu en cheminant  dans les cités  marocaines de Marrakech et Tanger  est due à l’objectif de l’artiste photographe Jalel  Gastelli.
       On y découvre une face insolite de Meddeb : un homme sensible au détail d’une  plénitude  rassurante , sous un regard angoissé mais  questionneur. Un penseur habité par l’étrangeté et l’extranéité.IL tente de percer le mystère invisible malgré l’obstacle visible. L’atmosphère de la mystique  cité ocre  et de Tanger la bleue  en face d’une lointaine –proche Andalousie s’y prête..
« …Le temps passe et m’emporte sans que je vive la conscience de son cours.
C’est dans cette éternité de l’instant que je séjourne » ,note  l’écrivain  à Marrakech.
        En effet. Au cours de sa longue mais éphémère existence , le mortel ne poursuit –il pas une aventure jusqu’au moment où il bute à l’obstacle... Au départ il n’y a qu’un mur. Singulier. Il renvoie ontologiquement à l’être et son double : l’origine et le devenir .A peine franchi que d’autres obstacles psycho- historiques pluriels surgissent. Un mur des lamentations ?Que non.Un mur de séparation à Berlin ou en Palestine et un autre au Sahara occidental .Un mur du son. Un mur délimitant l’espace privé et celui public. Un mur fantasmagorique à démolir et un autre politique à édifier …Bref un conflit à n’en plus finir entre le désir  de l'Etr et la loi des hommes.
      A Tanger –le voyageur Meddeb  renifle   l’odeur  métaphorique de « la miction d’or » avant de revenir ,consigne –t-il« au café  Nafa devant l’Espagne toujours voilée » pour siroter …un thé à la menthe ! Son regard ne s’arrête pas au visible mais tente  d’aller au delà. Bien que les photographies n’ambitionnent  point de véhiculer un message in/ déterminé , les prises d’angle des pans de murs et les couleurs captées n’en referment pas moins des signes et des référents  voire un indice.Renvoi implicite au ciel illimité- au vide étroit  ou au large maritime . Lieux   ésotériques ,s’il en étaient.
        Selon  Meddeb   «  le poète et le photographe se rencontrent dans la vérité de l’instant ».Etant  fugace  ce dernier rend plus âpre toute communication avec l’absence. Paradoxalement, si la solitude se résumait dans l’oubli de soi ,elle n’éluderait  pas moins  le souvenir de l’autre ,tous les autres.






(c) H.O







jeudi 18 mai 2017

Tunisie: Tout ... sauf la dévalorisation de soi!

A l’antipode du climat  estival  ambiant ; pour un grand nombre  de citoyens l’humeur ne semble pas au beau fixe. N’étant pas dans l’ensemble poètes, les Tunisiens ne vivent pas d’amour (virtuel) et d’eau (quand elle   est fraîche). Le temps s’accélère. Il se durcit  pour les lanceurs du «printemps politique». Constat.

Amorphe, le Tunisien lambda croisé donne l’impression qu’il n’est  satisfait de rien. Sans perspective. Ombre d’une  ombre,il doute  en se dévalorisant alors que le monde extérieur  observe avec enchantement  le chemin parcouru par la Tunisie depuis sa révolution 14/11. L’amertume  viendrait-elle  d’ ailleurs…

Autant que tous les Etats de la planète, le pays connait de problèmes économiques et sociaux.  Lesquels problèmes ne devraient pas occulter les nôtres;plutôt inciter à davantage d’imagination et d’initiative  pour les résoudre avec le concours de  tous ceux qui ont en partage les valeurs de la liberté-la dignité et la justice. Un combat  qui jalonne-depuis Adam et Eve -l’histoire  tourmentée de la condition  humaine. Or des résultats  politiques   ont été accomplis aussi par des Tunisiens mus par l’attachement à leur patrie et dont de centaines d’âmes ne sont plus parmi nous. Paix  à leur âme.
La fidélité à leur mémoire  devrait stimuler l’humilité  et aiguiser les énergies vers plus de solidarité pour  raffermir les liens d’appartenance et du service de la communauté. Ne sommes-nous  pas embarqués sur la même felouque…

Sans entrer dans le détail des tiraillements politiciens et le jugement  du bilan des uns et des autres  depuis la révolution, il manque à notre pays une  double qualité: le bon sens et le respect des engagements. Homogène le pays peut contenir toute les diversités,sauf celles séditieuses et cupides à la solde des néo –mafieux.

Au contact de ce citoyen lambda  - on appréhende  qu’il  semble doublement  aliéné  par les  médias sociaux -la journée et la vision  du petit écran- la nuit. IL gère le quotidien. La tête  ailleurs… IL participe inconsciemment  à  un abrutissement programmé alors  qu’il   aurait  suffit de bouder ces médiums ou faire le tri selon une grille critique (…). Il s’épargne ainsi  l’isolement en   apprenant  à ouvrir l’esprit et les yeux sur  l’estime  de soi,sur  l’ineffable beauté  du pays et des opportunités innombrables qu’ offrent  ses régions intérieures. La Tunisie  -quoique qu'on rabâche  -demeure un champ ouvert à de multiples  parachèvements,  si le mérite  et la liberté d’initiative  étaient  responsable ment respectés. Mais on ne concrétise  pas  par  des «si» ou par l’accumulation de la dette… mais par le modèle  archétypal. (hommage à  Habib Bourguiba.)
  • Beauté et opportunités!
  • Sans blagues… une  beauté balafrée  par des amas d’ordures … Une pollution atmosphérique et des bureaucrates corrompus.
On feint d’oublier toutefois que la défiguration de l’environnement immédiat  ne tombe pas de la planète Mars, quand bien même elle  est forfait de  tous les irrespectueux  des règles de la salubrité et du savoir vivre ensemble.
L’Etat  post indépendance a établi  l’école- le dispensaire et l’institution. Mais que fait-on pour les préserver ! Peu –trop peu. En se dévalorisant,on les dévalorise. On pense  très souvent  à ce qu’on peut obtenir et peu souvent à ce que l’on doit fournir. On n’envisage pas  ce que l’on peut donner sans rien attendre en retour. Sauf à être digne dans un pays digne… où le devoir s’accomplit et le droit garanti. Juridiquement.

L’Etat post révolution (élagué  des tentations  corruptives) peut régénérer un esprit fédérateur et transparent; pour peu que les charges  et les richesses soient partagées. Équitablement. Un tel sursaut –possible- est susceptible  de redonner espoir à… la confiance  et l’imprégnation  de tous les  citoyens dans un processus participatif. Chacun selon ses capacités.
  Faut-il espérer l'avènement d'un Messie pour les embarquer?