dimanche 22 avril 2018

Amour exclusif : 3 ème poème de Slaheddine Mimoun


Amour exclusif

Course poursuite de deux cœurs

Sur damier,  dé jeté en faveur d’un seul

Hésitante entre deux prétendants

Exclusif amour limpide répugnant la doublure

Sauf à se moquer du crédule

…ou à feindre la trapéziste

Tant l’amour profond abhorre duplicité futile

Signes visibles, les yeux trahissent l’indicible

La perte est double et c’est mauvais signe

A ce jeu, l’hypocrite y perd le premier et le second

Deux  amants floués de trahison

Du trapéziste de la double passion

Tardifs remords et regrets pour cause de double entrée

S’il était dans la confidence de la sagesse d’antan

Exclusif cœur ne battrait que pour un(e)seul(e).

Tozeur 10/05/2009
Traduction approximative de l'Arabe
(c)HO


samedi 14 avril 2018

Adieu,un poème de Slaheddine Mimoun


                   ADIEU-

Au craquement de l’amour, adieu bien  aimée

N’en subsistent que des éclats du caspase

Sans gémir, tu  chemines  en silence vers l’horizon

Bien  que nos âmes vibrent  encore au souffle des arbres

Et nos  cœurs subissent soudainement la subite intrusion

Imprégnant la fragilité et le danger pointant

Comment  se libérer de l’obsession tenace

Du vécu versatile, de l’invisible destin annoncé

Rigole ruisselante du liquide céleste arrose mes joues

Souffrance et passion convient à la fuite-voyage

Fugitif des étoiles-oiseaux et la lune pour compagnon

Te reverrai-je, mon ange de l’archange fugace

Un tic-tac véloce supplante le temps présent.
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                  Tozeur,20/04/2009
Traduction approximative de l’Arabe  du poème de Slaheddine Mimoun  
© HO





vendredi 13 avril 2018

littérature de Prison-Tunisie

Ezzedine Hazgui : Une mémoire des années de braise.

     Le 14 Avril 1978, un loupiot du nom de Jawher griffonne une missive affective à son géniteur, l’absent –présent et prisonnier politique confiné dans une geôle de la Tunisie post-indépendance.Le pater n’est  autre  que le militant « perspectiviste » Ezzedine Hazgui.
     Après avoir écopé  de 2.000 jours bonifiés –illégalement- de 48  heures, en mémorialiste il  saisit ,4O ans plus tard ,sa plume pour restituer une chronique de ces années de braise marquées par la chasse aux militants de la gauche socialo-Trotskyste adeptes du matérialisme dialectique. Lesquels sans s'apparenter à  des « vipères lubriques » sont qualifiés par le régime Bourguibien de «  troublions, pécheurs en eau trouble » .
       Intitulé «  Les lunettes de ma Mère » ,l’ouvrage interpelle ,de prime abord par l’illustration de sa couverture due à l’artiste  Fériel Lakhdar.Il se présente ,ensuite sous forme d’un chapelet qu’égrène une trentaine de scènes sur la filature policière, les arrestations, la torture ,les audiences  ,les grèves de la faim ,les mitards et les séjours dans les cellules  .
      Sans atermoiements ni vengeance, l’ex-détenu de « la vox populi » y accouche d’un testament de conviction et de courage ,sans se départir d’un sens de l’humour et de la lucide relativisation .Pour la catharsis  et le témoignage...
      Des flash-backs se succèdent confondant le réel et l’onirique avec la connivence  de ses nombreux camarades.De geôle. Ils discutent ,rigolent et transcendent leur situation par l’ observation critique ,torpillant -par la dérision raisonnée- une règle du jeu inégal.Et quand bien même  clos, le milieu de la prison offre  des moments cocasses et des détails tragi-comiques ..
       Parmi des dizaines d’autres, la scène de la chouette de « hathout « à la douche est révélatrice ( de la sexualité de la misère),tout comme celle du partage du moro(le pain ) et des cigarettes…

                             
DE LA POLITIQUE

L’enjeu de la politique n’étant autre que  la conquête du pouvoir .Seulement une fois conquis, ce sésame n’entrouvre une fenêtre que pour fermer des portes. Qu’en  faire et comment faire ?
«   Les perspectivistes » Tunisiens- puristes évoluaient alors dans une conjoncture de la guerre froide et des discours « révolutionnaires » de Radio Tirana ,dénigrant  la montée de l’impéralisme et ses laquais  capitalistes . Ils préconisaient la création d’un « noyau d’une armée populaire » ,alors que la Tunisie  tentait de clore le chapitre de la pseudo-querelle entre Bourguiba et Ben Youssef (  tous deux militants du mouvement de libération nationale )et  de mettre un  pied dans la sphère néo-libérale.
       Surchauffés par le Nassérisme et les fondamentalistes orientaux ,les nationalistes arabes et plus tard des puristes religieux du MTI ,à présent Ennahda, sont tombés dans la même erreur ,en plaçant la barre haute dans un pays moyennement riche et à majorité sous éduquée...
     Au « brave » peuple, Bourguiba a promis «  la joie de vivre »,Ben Ali « la république de demain » et la révolution de la Brouette14/01,la liberté en attendant la dignité.Un travail au quotidien attend  encore tout citoyen (ne)sur le chemin de la réappropriation de soi..
        A travers les lunettes de sa mère et  en souvenir de la poire promise,  Ezzedine Hazgui, écrivain libre et esthète demeure fier du combat désintéressé  qu’il a mené avec ses camarades( étudiants, syndicalistes et marginaux ) en faveur de la justice et des  libertés .
      IL l’est autant à l’égard de Jawher, un enfant  -le sien - studieux ( premier de sa classe),intègre ( scène du portefeuille ) et espiègle(scénario de  fuite de la prison)et franc (scène du Ramadan)....
 (c)oh    
                                                                                                            
« Les lunettes de ma mère »-213 pages
Editions :mots passants-2018-Prix :15D


vendredi 6 avril 2018

Retour sur scènes,Tunisie ,mon amour

Une fourmilière au cimetière sidi Abderrahim. (EL Guitna)

De Cap-Sa à ToZ-Eros
       Gafsa, Tozeur, D’gache, Nefta  et Tameghza sont ,entre autres, lieux du sud –ouest Tunisien.
Signes particuliers : nature imprenable et culture originale.
     La fin de la période glaciale est suivie d’une autre marquée par un réchauffement climatique qui perdure …à nos jours depuis plus de 9.600 ans avant notre ère. Un saut du paléolithique au néolithique s’est opéré  favorisant la sédentarisation progressive de l’homme. De prédateur, notre ancêtre du pourtour de la méditerranée  se mue en producteur.
Alors qu’en Espagne, Italie, Algérie  ,France et Palestine, des archéologues s’étaient penchés sur le décryptage de ce tempo crucial de la mutation humaine, en Tunisie le terrain demeure insuffisamment inexploré  .Pis.IL a subi une défiguration lors de la période de la dernière colonisation française du pays -dite par euphémisme protectorat- (1881-1956).
Des sites ont été alors investis et pillés dans une tentative de dépersonnalisation  des populations indigènes…En témoigne « le musée de l’Homme » à Paris empli d’outils, de fossiles et de costumes indument subtilisés  et remontant  aux civilisations  capsienne  et phoenixo-numidienne.
      A la faveur d’un récent séjour familial dans la région,je suis subjugué –comme d’habitude-par le foisonnement  des sites et de leur présence mémorielle…Des strates d’histoire imbriquées et dont le secret reste à dévoiler  .(néolothique,berbère,punique,romain et arabo-judaique…)
  Tozeur connait des mutations certes. Négatives à mon sens .Cependant ,l’amateur du mystère  insolite y trouve son dada .Plongez-vous d’abord dans le bric-à brac du musée de la Médina de Tozeur et puis laissez les pas vous guider à travers les senteurs de la palmeraie. ..N’hésitez pas à siroter quelques tasses de Legmi( sève du palmier),de préférence fermenté,(kechmi) …Le reste est dans le détail des détails et sur les visages burinés des habitants…
Contre paraphrasant  Venise ,le moto de la ville est : »Voir Tozeur et Revivre ».Authetique !
©H.O

Trois pyramides d'argile que le sirocco finira  un de ces jours par les emporter (direction site Onk al jamal ) ...
Un sanctuaire paien à   Castille  ( à 5 km de Tozeur en direction de  D'gache)

     
Sur les rails vit un chien solitaire et affamé. Sur la batisse  blanche  un écriteau: Rue Ammar Jeghil ( une victime  de a revolution de la brouette  janvier 2011

Tronc  intrigant   et gare "morte" de Tozeur ( datant de 1913)

jeudi 5 avril 2018

"Reproche" ITAB, un poème de Slaheddine Mimoun



                                       
                                         « Reproche »

Notre amitié d’amour s’effiloche, tels filons de crachin
Bien que mon esprit et ton anima  soient soudés …
Que faire, alors que se profile le rendez-vous inévitable de la séparation ?
Et  la douceur de ta voix résonnant au métronome de mon cœur
Conquis aux frémissements de l’astre de la nuit 
Sois sincère, ô vie !ne suis-je pas  depuis ton esclave sans refuge
Trimballant une supplique de larmes sans répit..
Je t’aime mon ange malgré le signal du départ impromptu
Funambule. Je m’adosse au compagnon du rêve
Un câlin de ta silhouette furtive flirtant les boucles d’un arbre chancelant
Amnésie : consolation de l’injonction du nuage estival passager
N’a-t-on pas promis que notre amour soit  roc incrusté
Et dans l’osmose de tes bras, nul ne pourra le fissurer
Souviens –toi que nous sommes de la même essence
Même si l’existence ne sépare que pour réunir les amants de jadis .
Reproche sans reproche : toi de moi et du moi à toi, c’est toujours nous, fidèle  amie.

© Traduction approximative de  l'Arabe par Habib Ofakhri
06/04/2018
Legende photos:
-bibi et Slaheddine Mimoun (à droite)
-ce qui reste de la rivière  oasienne de notre enfance...



dimanche 1 avril 2018

Claire et nette


CLAIRE


toi, sœur d’une autre mère
Un printemps furtif, avant terme, s’est épanoui
Capricieuse mais docile s’offrant sans prière
Celle qui aime et doute à l’envi
Toi présente éphémère, sans envie tu donnes envie
Souffrante, amour dans l' amour cherchant l’infini
Dans l’ivresse du baiser volé…
Avec ta clarté, la lumière illusoire fut
Dans l’obscurité du départ, de la pluie de tes larmes, la terre s’est assouvie
Sans pour autant perdre de son éclat,  certes épais
Le hasard a voulu que les regards se croisent
Et les corps se séparent toujours ainsi
Nécessité. Reste le filon de la mémoire souvenir
Qu’assombrit la distance et l’oubli
Il résonne aux thèmes et variations de Mozart
Telle cadence du métronome, de ce robinet d’époque
Authentique. Il gémit, à présent sans fard

Sous le plaintif d’une douce maman dacienne et baroque
Réinventant le cycle premier de la maternité éternelle
Alors que  les dés furent jetés.
Triste. Plutôt souriant,tu ne lui appartiens plus…à jamais !


(c)ho