vendredi 26 janvier 2018

In Memory



Il y a 16 ans,le 27 janvier 2002 ,un collègue et ami, Kamel El Fazaa  avala son acte de naissance. Mais les hommes authentiques ne meurent que s’ils sont oubliés. Difficile d’oublier Kamel  et ses qualités humaines et professionnelles. Dans un billet chagriné en date du 30 de ce janvier,  je m’interrogeais sur son départ prématuré ,rongé comme il fut pour l’ amour partagé  pour son pays et son absoute :« Y-a-t-il un journaliste dans la salle » ? qui résonne, sans écho.IL repose, depuis sous la terre fleurie de son bled natal ,  sur les hauteurs de  Mejez el Bab.

mardi 23 janvier 2018

Tunisie : le racisme, résidu de l’esclavage


En écartant de l’arène politique et médiatique « les ennemis de la liberté d’expression »,la Révolution 14/01 a ouvert la boite de Pandore pour retourner le couteau dans la plaie du refoulé millénaire,  et revisiter le fait identitaire ,c'est-à-dire le frottement avec l’alter égo,au quotidien.
Rude épreuve -s’il en est- du face à soi. Rattrapée par son passé, lequel ni plus ou moins contradictoire  sous d’autres cieux,la personnalité tunisienne raisonne sur son déraisonnable, défriche les sous entendus longtemps masqués par le vernis de la normalisation tous azimuts. Unité nationale obligeait.
A nos jours, le démon individualisé des « minorités » se réveille. Dans toutes les directions d’ordre religieux, culturel, ethnique, sexuel…
La société civile s’active. Il n’est plus tabou de traiter publiquement de la liberté  de culte ou de conscience, du patrimoine berbère, du racisme ou d’afficher son orientation sexuelle.
    La société doit être diverse. Sans adversité. En somme, tenter de réinventer une éducation de l’humanité mono génique expurgée du paternalisme de la « tolérance » et respectueuse de la dignité.Et pourtant.Alors que la Tunisie fait partie des premiers pays à avoir aboli l’esclavage il y a 172 ans( le 23 janvier  1846),un relent résiduel remonte sporadiquement à la surface.Il prend la forme « anodine » de propos désobligeants parfois d’actes agressifs. Certains incidents contre des ressortissants de pays sub-sahariens- confond au passage- à des autochtones à la peau plus bronzée  sont amplifiés par la sarabande facebookienne, à la faveur de matchs de foot (élimination de l’équipe de Tunisie de la coupe d’Afrique en 2015).
Conscientes de la résurgence du phénomène » raciste »,les autorités ont décidé de sévir .Une loi «  préventive et répressive » contre toute forme de discrimination  a  été élaborée en conformité avec les standards internationaux. A l’actif , seule la citoyenneté demeure un dénominateur commun à tous les membres de la communauté sans distinction de sexe,couleur,religion..Cependant toute atteinte à la dignité  heurte la conscience. La Tunisie doit traiter  les migrants légaux comme elle désire que les siens le soient ailleurs…Et faire un distinguo entre la question de l’afflux de migrants africains en provenance de la Libye -encore instable -qui doit être co-examinée avec le HCR et l’OIM et celle des stagiaires et étudiants sub sahariens sur le territoire. 
     Selon des  témoignages, ces étudiants rencontrent des tracasseries kafkaïennes  pour l’obtention d’un permis de séjour ou d’insertion professionnelle. Ils sont 162 cas dans cette situation fragilisante ; entrainant la chute drastique depuis 2013 du nombre des étudiants africains qui fréquentent les établissements scolaires   du pays privé ainsi de recettes et d’un gain humain et diplomatique inestimables.

oh

lundi 22 janvier 2018

Du journalisme d’investigation

   La confiance en soi et le respect de la déontologie constituent les deux mamelles du journalisme utile..
Lors d’un  bref passage à Stanford University (dans la banlieue de la Californie), j’ai assisté –en qualité d’auditeur – à  une intervention  sur le journalisme d’investigation .
     A l’époque  c’était comme surfer sur une autre planète, sachant que dans les pays dits du tiers –monde ,il était encore pénible  de faire du journalisme tout court…
Ayant retrouvé  30 ans plus tard mes notes, il m’apparait  alors que mon pays ( la Tunisie )s’achemine vers la liberté d’expression et du droit à l’information reconnu par sa constitution post-révolution 14/01 Partage à toute fin .
Autant que tout genre d’information, le journalisme d’investigation répond à des paramètres qui définissent la démarche pour tout reporter débutant ou rompu à la pratique journalistique.
    Il évoluait  dans des sociétés post-industrielles où de puissants médias disposent de moyens humains et matériels conséquents et bénéficient  d’une crédibilité pour servir volontairement la Société.Dans la transparence ,sans laquelle point de convivialité .
Ce dernier role
 est également dévolu aux assemblées parlementaires censées défendre   et garantir l’intérêt général  . Dans de telles sociétés,la démocratie,la responsabilité et la reddition ne relèvent  pas de la creuse logomachie.

Le  journalisme d’investigation est un levier reconnu en vue d’éradiquer à la base les travers de la politique et de l’économie lesquelles façonnent indubitablement e devenir des sociétés ;non que la politique et l’économie sont viciées par essence .Leur mauvais usage les rend  toutefois perverses. Conflits d’intérêt et lutte de puissance.
Le  journaliste qui s’y frotte doit jauger  et tenir compte du terrain miné du jeu.Les conséquences seraient terribles et non moins ...gratifiantes! Mais que faire lorsque des politiciens,des élus sont complaisants ou corrompus ?.Volontariste, le journaliste va au charbon…
Etape par étape
ü  Méfiance.Ce qui semble négatif pourrait s’avérer positif. Et ce que l’on pressent louche pourrait s’avérer légal !Mais rien n'  empêche d’aiguiser toujours la curiosité (why and what).
ü  Engageant des moyens matériels et humains importants et un temps plus long( compilation, déplacements,recoupements  rédaction) ,ce genre doit  définir le ou les thèmes  de l’enquête .

ü n Établi un plan pour les graphiques et l’illustration photo.
ü  Confier  la mission à des journalistes motivés et intègres ,car l’entreprise implique des intérêts de groupes influents et controversés.
ü  Cibler  les sources d’infos et bien se documenter sur elles ,car en la matière on n’informe que les informés ;tout en étant attentifs aux détails lors des interviews.
ü  N’oublier pas que le journalisme, tout comme la politique  c’est l’art du possible.
ü  Apprendre  les ficelles de vos confrères et s’inspirer des enquêtes conduites par des médias locaux et étrangers.
EVENTUELS SUJETS D’INVESTIGATION POUR UN JOURNALISTE AFRICAIN
ü  L’environnement : effets de la déforestation, des décharges toxiques sur la destruction de l’eco-système et l'environnement .A qui ça profite et quels sont les implications sur la santé,l'agriculture et la culture autochtones ?
ü  La  dépendance économique : la division du travail et le flux des échanges commerciaux ont –ils des incidences positives sur la population locale ou profitent-ils à une poignée d’affairistes satellites du pouvoir politique ou des multinationales ?
ü  L’urbanisation à outrance ou la décentralisation équitable ?
ü  Le  statut de la femme,des jeunes et des minorités : slogan ou réalité ?
ü  Les  multinationales et les Ong :partenaires gagnant-gagnant ou/et sources d’appauvrissement et de déstabilisation ?
ü  Quelles sont les entraves à l’unité africaine ?
ü  Etc..
Ces enquêtes ne relèvent pas de l’événementiel mais du structurel. Le rôle du journaliste n’est pas de théoriser ; rôle dévolu aux spécialistes. Le sien consiste à faire voir et à étayer la conjoncture par des exemples humains et concrets.Preuve à charge et à décharge.. Sa satisfaction réside dans la conscience du devoir citoyen accompli.Et comme dit un Dicton Américain d’avoir attrapé les mouches par du miel ,alors que d’autres les aspergent de vinaigre pour les éloigner!
oh

mercredi 10 janvier 2018

Tunisie:le dinarmania

Tunisie : le dinar mania
Gouverner ne signifie pas uniquement  avoir le droit de son coté, mais savoir gérer aussi le sociétal dans sa cohésion globale.
Initiatrice  de son printemps, la révolution du 14/1 aura permis à la Tunisie de relever le défi du pluralisme politique et médiatique. Huit ans après, elle trébuche sur le plan socio-économique. Sans perspective : dette, inflation galopante, chômage, corruption, évasion fiscale, morosité et incivisme.  
Relativement  loti et homogène, le pays peut et doit  nourrir puis  épanouir sa population en majorité éduquée, ambitieuse et innovante. Le blocage conjugué réside dans le manque d’ancrage d’une culture éthique, l’inégalité historique dans la répartition  responsable des richesses et des rôles. Outre les eternels laissés pour compte, la classe moyenne -en voie de paupérisation- continue de porter  le fardeau fiscal et le boulet de l’endettement des ménages ,alors que l’égotisme d’une caste bureaucratique et mercantiliste du marché informel accumule du cash à neuf chiffres. Aie !
« EQUITABLEMENT REPARTI, LE FARDEAU N’EST  QUE DUVET »(proverbe local)
La conjoncture difficile requiert introspection. Elle impose une réflexion positiviste et un examen de conscience sur le sens que le NOUS Tunisiens, accorde à la patrie, à l’économie solidaire, à la convivialité et au travail honnête. Il y a urgence avant que le pays ne s’enlise davantage dans le gouffre du dirnarmania,le fric (et à frac) à tout prix .Quand bien même ce dernier ,associé au capital humain devrait demeurer un moyen d’entreprendre, de produire et de consommer  et non une fin aux mains des uns  laissant d’autres sur leur faim…
Faut-il rappeler que la génération post-independance(Bourguibienne) a déployé des efforts pour mettre en place un Etat-nation,des écoles, des routes, de l’énergie et des hôpitaux.
En moins d’une génération, le clan mafieux de son successeur (Ben ali) a raflé la mise. Celle post-révolution négocie, sept ans après , les miettes. Elle tente de mener un combat –inégal-contre une misère matérielle patente.Et pour cause ?
Après le semi-échec de l’islamisme politique, la coalition gouvernementale actuelle issue des élections « ouvertes » d’octobre 2014 cherche à calmer les esprits en augurant que 2018 sera l’année de sortie du tunnel. Sans garanties. Composée de libéraux et d’islamistes dits modérés, par euphémisme, cette coalition ne sert que la vision tordue des seconds et érode la crédibilité mitigée des premiers. Le  perdant n’est autre que la TUNISIE contemporaine qui n’aspirait un e 14/01  qu’à la dignité, la  liberté et la justice sociale.
HO